Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a appelé mercredi le Cameroun a «garder ses frontières ouvertes» pour accueillir le récent afflux de civils nigérians ayant fui leurs foyers par peur des attaques du groupe djihadiste Boko.
En 48 heures, environ 30.000 personnes ont fui Rann, dans le nord-est du Nigeria, pour échapper aux insurgés qui ont pris lundi le contrôle de la ville sans rencontrer de résistance, après le départ des soldats camerounais et nigérians qui la protégeaient, selon des sources civiles et humanitaires contactées par l'AFP. Aucune explication officielle n'a été donnée à ce retrait.
Le NRC s'est dit «alarmé par ce déplacement massif» de population ayant rejoint le Cameroun voisin, lui-même confronté aux attaques du groupe djihadiste, moins d'une semaine après que 9000 personnes eurent déjà fui une attaque contre Rann. Cette première vague avait été aussitôt refoulée par les autorités camerounaises malgré le danger auxquels les civils nigérians étaient exposés en retournant dans leur pays.
« Nous appelons le Cameroun à garder ses frontières ouvertes. Il est crucial que les autorités nigérianes et camerounaises offrent leur assistance aux personnes fuyant les violences, conformément aux réglements internationaux et à l'accord tripartite signé entre les deux pays et le HCR (Haut-commissariat aux réfugiés) », a déclaré le directeur du NRC pour le Nigeria, Eric Batonon. « Les femmes, les hommes et les enfants qui fuient ne sont pas des opportunistes, ce sont des civils qui fuient pour sauver leur vie », a-t-il ajouté dans un communiqué.
Quelque 30.000 personnes ont fui la ville de Rann, dans le nord-est du Nigeria, en l'espace de 48 heures, pour échapper aux djihadistes du groupe Boko Haram.
« Toute la population semble paniquée et a pris la fuite pour tenter d'échapper à la mort », a déclaré le porte-parole du HCR, Babar Baloch, lors d'un point de presse à Genève. La ville de Rann est située à la frontière avec le Cameroun, qui lutte également contre le groupe djihadiste dans l'extrême nord de son territoire.
La panique a été déclenchée par le retrait dimanche des troupes camerounaises qui y avaient été déployées après l'attaque du 14 janvier, qui avait fait 14 morts. Boko Haram avait mis à sac une base de l'armée et mis le feu à la ville où sont repliés plus de 35.000 déplacés.
Boko Haram attaque régulièrement les bases militaires dans l'État de Borno (nord-est) depuis le mois de juillet, faisant des dizaines voire des centaines de morts. L'insurrection jihadiste, qui a débuté dans le nord-est du Nigeria en 2009, a fait au moins 27.000 morts et provoqué une grave crise humanitaire avec 1,8 million de déplacés.
Depuis le mois de novembre, plus de 100.000 personnes ont été obligées de fuir leurs maisons dans le nord-est, selon le NRC.
L'ONU a lancé mardi à Abuja un appel à financement de 848 millions de dollars (741 millions d'euros) pour des projets humanitaires dans nord-est, et de 135 millions de dollars supplémentaires pour aider les 228.500 Nigérians réfugiés au Cameroun, au Tchad et au Niger voisins.
Otric N.