Un entretien accordé à nos confrères de STV, au cours duquel le diplomate américain, entre autres sujets est revenu sur les conditions d’éligibilité d’un pays qui souhaite faire partie de l’Agoa
- Excellence monsieur l’ambassadeur, la coopération entre le Cameroun et les Etats Unies a considérablement été renforcé ces dernières années, et lors de l’une de vos récentes sorties, vous estimiez les échanges commerciaux à 366 millions de dollars, un peu plus de 213 milliards de FCFA, une augmentation de 32% par rapport à 2017. D'entrée, êtes vous satisfait de ces avancées ?
D’abord, je ne suis pas véritablement satisfait avec ce niveau. Je crois qu’avec tout le potentiel dont le Cameroun dispose, nous pouvons faire beaucoup plus, le double, voire le triple de ce que nous faisons actuellement. Je voudrais essayer d’encourager l’investissement américain ici au Cameroun et approfondir les échanges commerciaux entre nos deux pays.
- En termes d’échanges commerciaux, quels sont les domaines cibles des Etats Unis ?
Bien sûr, mon travail c’est de vendre plus de produits américains ici au Cameroun et je crois qu’avec la classe moyenne grandissante, le goût des produits américains augmente et je crois qu’il y a le potentiel d’accroître les exportations vers le Cameroun. C’est aussi important d’encourager l’exportation les produits camerounais vers les Etats Unis. Et avec le bureau d’US Aid, de l’Afrique de l’Ouest Accra, nous organisons des formations ici pour savoir comment vendre plus aux Etats Unis.
- Comment expliquez-vous cet accroissement des investissements ? Vous dites c’est l’environnement socio–politique, le climat des affaires, la découverte des nouvelles ressources du sous sol camerounais ?
Je crois que le Cameroun est riche en beaucoup de ressources naturelles, il a un potentiel important dans le domaine hydro électrique. Il y’a beaucoup de potentiels dans ce pays.
- Chaque année, le CBF (Cameroun Business Forum) cet espace d’échanges entre le secteur public et le secteur privé, se réuni pour faire une sorte d’évaluation de l’environnement des affaires. Quel est le regard que vous jetez sur le plan juridique, sur le plan des échanges ? Est-ce que vous estimez qu’au Cameroun, un investisseur qui arrive peut s’épanouir normalement ?
Il y a beaucoup de défis actuellement au Cameroun et, les investisseurs américains sont comme les investisseurs camerounais ou des pays tiers. Ils cherchent la certitude, ils ne veulent pas de mauvaises surprises. Je crois donc que l’inviolabilité des contrats est important, système juridique indépendant est fort et sans corruption. La fiscalité qui permet de travailler dans la transparence, c’est très important pour les sociétés américaines. Et avec beaucoup plus de travail à tous ces niveaux, le Cameroun pourrait davantage encourager les sociétés américaines ici.
- Une esquisse d’évaluation, éventuellement les pertes que les sociétés américaines subissent, au regard de tout ce que vous venez de développer comme frein à l’épanouissement des ces entreprises sur le plan des affaires ?
Je crois qu’il ne faut pas surestimer le risque, même comme il existe et sauf si vous comparez le Cameroun avec d’autres pays en Afrique Sub saharienne du point de vue par exemple de la corruption, vous êtes l’un des plus bas. Je crois qu’il faut faire un effort pour encourager la transparence dans votre économie.
- Un mot sur l’Agoa (African Growth Opportunities Act) pour lequel les exportations entre le Cameroun et les Etats Unis donnent l’impression d’être toujours déficitaires à l’égard de notre pays. N’avez-vous pas le sentiment que dès la base les données ne respectent pas ce rééquilibrage ? Est ce que les critères d’exportation ne sont pas les freins à l’accroissement des produits camerounais vers les Etats Unis ?
L’acte sur la croissance et l‘opportunité en Afrique est un système unilatéral pour encourager les exportations africaines vers les Etats Unis. A peu près 6400 produits qui pourraient entrer en franchise de droit dans le marché américain. Le problème c’est qu’il n’est pas évident d’exporter vers les Etats Unis.
Les fruits et les légumes sont par exemple assujettis à des normes sanitaires, phytosanitaires assez élevés. Nous avons un bureau d’US département d’agriculture à Dakar et, ils viennent de temps en temps faire des formations pour exporter aux Etats Unis.
Je ne veux pas dire que cela relève de l’impossible, pas du tout mais, il faut être conscient et travailler, cela peut donc prendre du temps avant de pouvoir transporter ces produits vers les Etats Unis. Le problème en Afrique sub saharienne, y compris au Cameroun c’est qu’on ne profite pas tellement de l’Agoa. Au Cameroun par exemple, l’exportation du pétrole n’aide pas tellement le pays. Il est mieux d’explorer d’autres voies pour exportation.
Autre problème avec l’Agoa, c’est la conditionnalité et quand il y a un problème avec les droits de l’Homme et l’espace politique, on risque de perdre la possibilité d’exporter vers les Etats Unis à travers l’Agoa…
Retranscription : Nicole Ricci Minyem