Le phénomène dure voici plusieurs années. Les pièces manquent dans la circulation dans la capitale politique du Cameroun. Aucune transaction n'est possible et le climat entre les citoyens devient délétère du fait des contentieux autour de la recherche de la petite monnaie.
Sapeurs Mokolo, dans la ville de Yaoundé, c'est le lieu où la plupart de ceux qui se rendent dans le plus grand marché de la ville choisissent de descendre pour éviter l'embouteillage et se mettre dans les conditions de sécurité pour ne pas se faire chiper son portefeuille par les pick-pocket de l'intérieur du marché.
Une scène retient l'attention des passants. Un taximan qui sort de son véhicule, interpellant à voix saccadée une cliente qui elle aussi venait de sortir de son véhicule. "Madame je ne veux pas vous manquer de respect, donnez moi 250f. Vous ne m'avez pas prévenu que vous aviez un billet de deux mille francs." Dit le taximan. L'on comprend très bien qu'il s'agit une fois de plus de cette fameuse question de monnaie.
Des scènes du genre sont légions dans les artères de la ville. Le problème c'est que cette situation est exacerbée avec l'énorme quantité de transactions financières au cours de ces fêtes de fin d'année. Prendre le taxi est devenu compliqué. Impossible de faire des achats en toute quiétude. Il faut soit même chercher sa propre petite monnaie avant de se diriger vers un commerçant ou une commerçante. Ne jamais faire l'erreur de vouloir acheter un produit de 200f avec un billet de 1000f ou plus. Au risque de se voir être rabroué, et parfois insulté à la limite. Les billets de 10.000f et 5.000f ne sont pas les bienvenus dans nos marchés.
Pour les vendeurs consciencieux et pour le moin poli, ils choisissent de faire le tour du marché pour rechercher la petite monnaie pour la différence. Pour celà, il aura fallu au préalable fait des achats conséquents auprès dudit vendeurs. Au final, c'est une véritable gageure que de réussir à faire des achats et de faire ses transactions en cette période.
Mais seulement, impossible n'est pas camerounais. Les compatriotes de Rigobert Song ont trouvé des voies et moyens pour contourner la difficulté. D'abord, éviter au maximum de n'avoir en sa possession des "gros" billets en quantité lorsqu'on va au marché. Ce qui n'est pas toujours facile à faire. Une ménagère nous confie que " moi pour ne pas trop avoir ces problèmes là, j'organise mes achats. Quand je fais ma liste, je répartis un peu. Je sais que si je vais prendre un sac de sel, si je donne dix mille ou cinq mille, le vendeur ça vite chercher la monnaie. Je garde les pièces pour le taxi en partant. Une fois au marché je commence par les gros achats. Je met dans une brouette. Puis je termine avec les petits achats sachant qu'on m'a déjà "cassé" les "gros" billets. Et quand je rentre je fais tout pour avoir des pièces. Je peux acheter les beignets de 200f avec 500f juste pour être sûr d'avoir les pieces."
Toutefois, il est bon de trouver une solution définitive à cette situation. Plusieurs commerçants disent ne pas pouvoir faire leur chiffre d'affaires quotidien en grande partie du fait du manque de petite monnaie.
Stéphane Nzesseu