La Banque africaine de développement (BAD) a approuvé, le 28 novembre 2018, un prêt de 17,96 millions d’euros (environ 11,7 milliards FCFA), au bénéfice du Cameroun, pour la construction du projet «Ring Road». Ce dernier va permettre d’établir une boucle routière (365 km) entre les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, proches du Nigeria.
La BAD se réjouit du fait que ce financement permettra de valoriser la région du Nord-Ouest qui dispose d’un énorme potentiel économique, particulièrement dans l'agriculture. D'autres secteurs lucratifs incluent le bétail et la pêche, le tourisme, particulièrement les paysages naturels comme les chutes de la Menchum, les lacs Awing, Oku et Nyos...
«Le projet inclura aussi le support institutionnel pour le secteur des transports et les activités connexes comme le développement de routes rurales, la réadaptation d'infrastructures socio-économiques pour améliorer les conditions de vie des jeunes et des femmes», indique la BAD.
Pour la «Ring Road», le gouvernement camerounais a déjà exprimé un besoin d’environ 155 milliards FCFA. Dans ce sens, Yaoundé a engagé des discussions avec les partenaires techniques et financiers intervenant dans le secteur des transports: la Banque mondiale, l’Agence française de développement, la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC) et l’Union européenne.
La construction de la Ring-Road fait partie des chantiers qu’attendent vivement les populations de la région du Nord-Ouest depuis 1983. Année au cours de laquelle le président de la République leur a promis la concrétisation de ce projet. A ce jour, le projet est loin d’être terminé.
Les attentes et les retombées inhérentes à la Ring-Road sont énormes pour la région du Nord-Ouest en particulier, et pour le pays en général. Plus de 60% de la population de cette région vit principalement de l’agriculture. Celle-ci qui est majoritairement engloutie dans l’autoconsommation mais qui pourrait être orientée au commerce vers les autres régions du pays et même au-delà, principalement vers les marchés sous régionaux d’Afrique Centrale et Occidentale.
Cependant, les récoltes issues de ces bassins de production souffrent de l’enclavement de la zone. Le mauvais état des routes complexifie l’acheminement des denrées alimentaires vers les principaux pôles de consommation et de commercialisation, à défaut même d’être localement transformées pour une éventuelle industrialisation.
De plus, la construction de la Ring Road, en particulier la bretelle Misajé – Frontière Nigéria, devrait permettre de faciliter le commerce transfrontalier et limiter la contrebande qui se fait généralement par des chemins escarpés. Il devrait en résulter un gain substantiel pour l’économie locale, sous régionale et les caisses de l’Etat.
Dans son carnet de route publié sur Afrique Express, R-J Lique raconte que le trajet de la Ring-Road est somptueux. «On peut y avoir le sentiment qu'avaient sûrement nos ancêtres qui pensaient que la terre était plate et qu'il existait bel et bien une "fin du monde". C'est ce que l'on ressent parfois lorsque le regard se fixe sur les sommets des collines aux pâturages toujours verdoyants, que sillonnent les bergers peuls avec leurs troupeaux. Qu'y a-t-il après, derrière ? Sans doute rien. Que des pâturages et encore des pâturages et puis sans doute plus aucune vie humaine. C'est majestueux, presque envoûtant», écrit-il.
Une fois bitumée, cette route favorisera le tourisme, permettra le développement de la région, facilitera les échanges commerciaux avec le Nigéria et sauvera des vies humaines. «Cet axe routier de sauvetage permettra aussi l'intervention rapide des secouristes et le transport rapide par camion des vivres vers n'importe quelle partie du Nord-Ouest», explique le Dr Nfor N. Sunsungi, élite du Nord-Ouest et originaire de la Manyu.
Otric N.