C’est l’un des sujets phares évoqué au cours de cet entretien que nous a accordé Bernard Répéré – Délégué départemental de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable dans la Kadéi.
Il a en outre formulé le vœu de voir la mise en place d’un comité interministériel afin de limiter les risques environnementaux causés par l’extraction des mines.
- Depuis combien de temps ont été lancées les exploitations les mines dans le Département de la Kadéi ?
L’exploitation minière a commencé en 2014. Au début, il ne s’agissait que de petits exploitants mais, au fil des ans, les choses ont sensiblement évoluées et dix ans plus tard, elle a pris de l’ampleur, avec des nationaux mais aussi des étrangers.
- Pensez – vous que les différents exploitants respectent la Loi Cadre sur l’Environnement ?
Par rapport au respect des normes environnementales, il y’a le code minier de 1996et la Loi – cadre sur l’environnement de 1976 qui prescrivent la remise en l’état du site après l’exploitation ; Seulement le respect de cette exigence est partiel, il y’a des sites qui sont refermés et d’autres ne le sont pas.
- Quelles sont les mesures que vous prenez lorsque la réglementation n’est pas respectée ?
Les délégations régionale et départementale de l’environnement effectuent des descentes sur le terrain pour la sensibilisation et pour les inspections. Nous infligeons aussi des amendes de trois à cinq millions de francs Cfa à ceux qui ne respectent pas la réglementation en vigueur.
- Pensez – vous qu’une telle amende puisse être dissuasive pour un exploitant minier qui empoche 50 à 100 millions de Fcfa ?
Nous devons nous en tenir à la Loi qui a été établie lorsque l’activité n’était pas si intense. Nous remarquons toutefois qu’ils ne se plient pas tous, notamment les exploitants étrangers qui sont des chinois. Les coréens qui étaient là en 2014 sont tous partis.
Que pensez – vous de ces morts dont il est tout le temps question sur les sites miniers ?
Il y’a des gens qui décèdent suite à la noyade dans les puits restés béants ; il y’a d’autres qui meurent après des éboulements, parce que les populations riveraines installent des canaux dès que les chinois quittent les lieux parce qu’elles sont elles aussi à la quête de l’or.
- Vous convenez avec nous que toute activité minière pour parler du cas qui nous intéresse est soumise à une étude d’impact environnemental et social préalable. Est – ce le cas pour ce qui est de l’exploitation minière dans le Département de la Kadéi ?
Le véritable problème avec les études d’impact est que les copies des Titres délivrés aux exploitants miniers ne sont pas remises au ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable ; Souvent, nous découvrons l’activité sur le terrain.
Pour rattraper les questions d’impact environnemental, nous avons commencé à adresser des notices environnementales et, c’est la Mairie qui le fait ;
Cependant, seuls deux sites ont jusqu’à date reçu des notices. Nous souhaitons qu’il y’ait un comité interministériel qui regroupe toutes les administrations impliquées dans l’activité minière.
- Une situation qui a un impact négatif certain, au regard de la pollution visible des cours d’eau par des produits comme le mercure
Trois types de problèmes affectent les cours d’eau à cause de l’activité minière ; Il y’a leur fermeture, leur déviation et leur pollution. Pour ce qui est du mercure, aucune étude n’a été rendue publique attestant qu’il est présent sur les sites miniers. Des prélèvements avaient été réalisés mais les résultats n’ont toujours pas été rendus publics.
Entretien réalisé par Nicole Ricci Minyem