Cardinal Tumi "l'armée a tiré sur le prêtre kenyan"
Après le unième report de la conférence générale anglophone, l'archevêque émérite de l'archidiocèse de Douala a répondu vendredi dernier à quelques questions sur les causes de ce qui peut apparaître comme une reculade des organisateurs de ladite conférence.
Les politiciens n'ont pas pu résoudre le problème. Nous avons décidé (anciens d'église, pasteurs, imams...), de contacter les responsables du Cameroun anglophone pour qu'ils nous disent ce qui est leur problème. Il faut savoir que tout problème est d'abord spirituel. C'est pourquoi nous croyons devoir apporter notre contribution à la résolution de cette crise. Nous avons demandé aux responsables là-bas à Buea et Bamenda quels sont les vrais causes de cette crise, pourquoi vous êtes en guerre? Qu'est ce qui est à la base de votre mécontentement? Et nous allons chercher des solutions, trouver comment pour résoudre ce problème en urgence.
Pensez vous que le pays peut sombrer dans la guerre civile ?
Non le pays n'est pas en guerre civile. Mais il y a des gens qui meurent tous les jours, tous les jours dans ces régions. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de personnes qui tombent au Nord-ouest et au Sud-Ouest. Il y a seulement quelques heures (la veille du vendredi ndlr) on a tué un prêtre à Mamfe. L'armée a tiré sur lui en le prenant pour un ambazonien. Il n'est pas le seul qui meurt. Ils sont nombreux. 30 personnes sont mortes à Bamenda, des militaires, ainsi de suite. Il y a des morts à chaque jours dans les villes et villages de ces régions.
Il faut que la crise s'arrête. Paul Biya a le pouvoir de faire que la crise s'arrête. Il est possible que le chef de l'État fasse que ceux qui sont mécontents se mettent sur la table de discussion pour qu'on trouve la cause du problème.
Qu'est ce qui justifie cet autre report ?
Le premier report était pleinement de notre initiative. Nous n'étions pas encore prêt. Mais cette fois ci, ce n'est pas de notre fait. Nous avons rédigé une demande d'autorisation de manifestation publique au préfet de Buea. Il ne nous a pas donné de réponse écrite. Nous avons aussi contacté le gouverneur qui était à Yaoundé. Il nous a dit qu'il y a des problèmes post électoraux. Mais nous voulons juste qu'ils nous fassent une réponse écrite. Certes, selon la loi, après trois jours sans réponse, on peut tenir la conférence. Mais vous savez comment ça se passe au Cameroun. Nous ne voulons pas tomber dans ce piège la. Et nous attendons une autorisation écrite.
Est ce à dire que la communication n'est pas bonne entre l'église et le gouvernement dans le règlement de cette crise ?
Il y a un dialogue. Mais il faut reconnaître qu'ils voient mieux que nous. Ils savent mieux que nous ce qui se passe réellement sur le terrain. Disons le, ce qui se passe maintenant est un désordre social.
À notre niveau, notre site avons décidé d'envoyer dans tout le pays, un questionnaire pour que les camerounais disent par leurs réponses, comment ils pensent qu'on peut résoudre cette crise.
Nous comptons organiser cette conférence avant la Noël de cette année.
Stéphane Nzesseu