Tel est le thème de réflexion que propose Nghomsi Boutchouang au moment où les populations résident en zone urbaine font face à un besoin criard de ce “ précieux sésame".
S’il est évident que les pouvoirs publics sont confrontés aux soucis que pose l’essor démographique, il n’en demeure pas moins vrai que la vétusté des infrastructures, l'archaïsme et le manque d’entretien ne sont pas les moindres maux.
Un sombre tableau qui vise à attirer l’attention des gouvernants, afin qu’ils s’attèlent à faire le nécessaire avant que les populations Camerounaises ne décèdent à cause des maladies hydriques et autres.
La réflexion a été publiée par nos confrères de mapanes.fsquarecorporation.com
“En économie, l’on distingue plusieurs caractéristiques de biens parmi lesquels les biens rares. L’eau étant indispensable à la vie n’est pas un bien comme les autres.
Là où l’eau est abondante, la richesse finit par apparaître grâce au travail des hommes. Là où l’eau n’est pas présente ou presque, demeure le plus souvent la pauvreté.
Gérer économiquement l’eau contribue à lutter contre la pauvreté. La disponibilité de l’eau étant un vecteur essentiel de l’amélioration des conditions de vie des populations et de la cohésion sociale.
Le Cameroun est un pays qui dispose du 3ème potentiel hydraulique du continent africain, c’est-à-dire qu’il possède l’un des premiers réservoirs d’eau souterraine et d’eau de surface en Afrique (FAO). De plus, l’essentiel des 58 départements que compte le pays porte le nom des cours d’eau.
Une situation sanitaire inquiétante
Depuis près d’une décennie, les populations sont confrontées à la rareté de l’eau, plus qu’un bien rare, obtenir de l’eau potable est devenue un sacerdoce pour les citoyens tant urbains que ruraux. Malgré que le Cameroun repose sur l’un des plus grands potentiels hydrauliques d’Afrique, l’eau est peu disponible voire rare.
D’après la BAD, le taux de desserte en eau potable est de 33% comparé à un pays sahélien comme le Sénégal ce taux est de 98% en milieu urbain et 82% en milieu rural (BAD, 2010).
Concrètement, près de 60% de la population camerounaise n’est pas connectée au réseau d’adduction en eau. Cet état de fait expose la population aux maladies hydriques telles la typhoïde, le choléra.
La démographie galopante de la population et l’agrandissement des villes n’ont pas contribué à améliorer la situation. Les villes de Douala et de Yaoundé qui absorbent l’essentiel de la production (plus de 50%) connaissent un déficit journalier de plus de 400 000m3/jour.
Ceci s’explique par des équipements vétustes qui engendrent des pertes substantielles d’eau en qualité et quantité puisque beaucoup d’eau s'évapore dans le circuit de distribution à cause des fuites.
De plus les pannes n’arrangent pas les choses, nous pouvons citer le complexe de Japoma qui date de 1954, le complexe Massoumbou mis en service en 1980 qui initialement devait produire 115 000m3/Jour a finalement produit 65000m3 en 2011 à cause des pannes fréquentes.
La station d’Akomnyada qui produit à peine 100 000m3 pour un besoin estimé à 315 000m3. Avec un déficit de 215 000 m3 (MINEE) d’eau journalière, la ville de Yaoundé tire le peloton, suivie de Douala avec près de 120 000m3.
L’un des problèmes majeurs de cette situation, est l’aménagement territorial défaillant du pays. Le Schéma directeur du secteur hydraulique a été fait que trop tardivement et n’a pas su s’adapter à l’évolution de la population et des mutations de leurs habitudes sans oublier l’agrandissement des villes donc difficile de proposer une planification en adéquation entre l’offre et la demande.
En attendant la livraison en Juillet 2022 au lieu de 2019 du projet d’alimentation en eau potable de la ville de Yaoundé et ses environs (PAEPYS) financé à hauteur 399 milliards financement par Eximbank China, la production nationale est passée de 731 080m3 en 2018 à 824 456m3 en 2019 soit 456m3 /Jour, toujours insatisfaisant pour combler les besoins des populations. Celles-ci continuent d’être confrontées au robinet sec ou à de l’eau rougeâtre et impropre à la consommation.
De temps à autre, de manière irrégulière, des camions citernes ravitaillent les populations de quelques quartiers, celles des autres localités disposant de moyens construisent des puits d’eau, des forages ont accès à des sources d’eau à la qualité peu recommandable.
Cette raréfaction de cette denrée au combien indispensable pour le bien-être des populations est une violation du droit d’accès des populations à l’eau potable.
Si nous faisons un petit tour dans les quartiers des principales villes du Cameroun, nous constaterons que des milliers de personnes y sont installées.
Le développement a suivi, des bâtiments ont poussé en particulier dans les nouveaux quartiers, des maisons familiales, des établissements scolaires, des boutiques, des restaurants, des stations-services, mais l’eau est toujours rare aussi rare que de l’or.
Voici donc la saison sèche qui s’annonce, si rien n’est fait le calvaire des populations ne saurait s’arrêter.L’eau c’est la vie” !
N.R.M