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Administrations publiques : Quand les questions d’ego viennent plomber le service public

jeudi, 28 novembre 2019 09:14 Nicole Ricci Minyem

L’actualité, au cours des derniers mois, a été marquée par des « scandales » qui impliquent entre autres des directeurs généraux et leur hiérarchie du fait des décisions prises de façon unilatérale.

 

Les nominations au Cameroun, même à la plus petite échelle a toujours généré beaucoup de joie et, chaque promu devant les responsabilités qui lui incombent, s’est toujours promis, de faire de son mieux, afin de respecter son cahier de charges.

Au-delà des fêtes, réjouissances et promesse d’un compte en banque plus garni, du fait des avantages qui accompagnent le poste, il se trouve quelquefois que le revers de la médaille est moins reluisant. Certains, au fur et à mesure que les semaines passent, ne tardent pas à se rendre compte qu’en fait, ils ne sont que des faire valoir à qui la hiérarchie n’accorde pas la moindre liberté.

Toutes les décisions sont prises en haut lieu et, quelques uns, à l’instar d’Alfred Ndongo, cadre dans une administration para publique de la place, se pose la question de savoir ce qu’il fait à son poste : « Je ne peux vous révéler grand-chose, mais ce n’est pas toujours évident. J’ai été nommé comme chef de service depuis six mois mais, toutes les propositions que j‘ai faite sont restées lettres mortes. Sont–elles mal initiées, qu’est ce qui cloche, je n’ai jusqu’à lors reçu aucune explication, pas pour dire que ma hiérarchie m’en doit mais, la collaboration est très difficile. Toutes les décisions sont prises en haut lieu et parfois, nous prenons connaissance de l’existence de certains dossiers lorsque notre signature est désirée… ».

Ce monsieur qui n’a pas voulu que nous révélions le nom de son ministère a précisé que son prédécesseur a eu mailles à partir avec le « boss » : « Vous savez, monsieur Nyemb Paul avait l’art d’enquiquiner. Pour ses détracteurs, il fourrait son nez là où il ne fallait pas et ne manquait pas de donner son point de vue, même quand celui-ci n’était pas requis. Chaque dossier qui lui était côté était passé au peigne fin et, pour ceux qui ont huilé leur réseau, ce n’était pas acceptable. Pour ma part, j’agis avec plus de diplomatie mais, je puis vous assurer que ce n’est pas évident. Les coups bas, les mauvaises notes, le fait de se savoir à un poste éjectable nous amène aujourd’hui, à avancer avec prudence… ».

Autre lieu, même constat

Silas Ekokbe, ancien cadre à la Fonction Publique a laissé entendre que point n’est besoin de se poser la question de savoir ce qui peut justifier qu’on nomme des gens et qu’on ne les laisse pas exercer de manière souveraine, leur fonction : « C’est logique et évident. Lorsque vous instaurez des concepts comme équilibre régional, lorsque vous n’avez pas mis en place, des règlements qui établissent la promotion du mérite en lieu et place des nominations familiales, nombrilistes, vous vous attendez à quoi ? Lorsque des charges managériales de certains sont un acquis à l’infini, que voulez – vous ? Celui qui nomme ne peut jamais mettre à un poste, quelqu’un qui viendra lui couper l’herbe sous les pieds, quelqu’un qu’il ne pourra pas contrôler. Et, je vous assure qu’ils sont très peu nombreux, qui veulent sortir de ce carcan, à cause des avantages liés à leurs postes… ».  

Qui met l’information dehors ?

Selon Silas Ekokbe, il ne faut pas se leurrer : « Vous les journalistes, vous êtes au courant de ce qui se passe, lorsque les promesses ne sont pas tenues ou encore, lorsqu’une des parties se sent flouée lors du partage. Quand les démarches pour rentrer en possession de ce à quoi on croit avoir droit n’ont pas aboutit, on met l’information dehors en espérant que le scandale va permettre de se venger… Même dans votre monde à vous les journalistes, ne me dites pas que c’est la même réalité. Vous savez que vous ne pouvez lever la tête pour regimber lorsque le patron a parlé, vous allez illico – presto vous retrouver sans emploi… ».

S’agit –il d’une spirale dans laquelle il n’est pas possible de sortir ?     

Certes, la tâche n’est pas facile et, de ce que nous ont révélé les points de vue de quelques acteurs sur le terrain, aucun secteur d’activité n’est exempt de ce fléau. L’humilité n’est pas la qualité première de la plupart des personnes qui occupent des postes de responsabilité et, ils n’acceptent pas toujours qu’on puisse avoir une approche différente de la leur. C’est par exemple à ce moment que surgissent le non avancement des dossiers, la prolifération des pots de vin, des enveloppes de dessous les tables, la quête des charlatans et marabouts pour se maintenir en place et bien d’autres pratiques obscures qui semblent maintenir le Cameroun dans un état de marasme permanent.  

Toutefois, bien que moins représentatifs, il y’a encore des camerounais qui se donnent les moyens d’assumer entièrement les responsabilités qui sont les leurs. Lorsque cela s’avère nécessaire, ils savent déléguer les pouvoirs et, le résultat dans ce cas, est toujours satisfaisant.

C’est une approche, selon Silas Ekokbe, « qu’on gagnerait à inculquer à la nouvelle génération et, je puis vous dire que la tâche sera plus facile, si on remet dans les programmes scolaires, l’apprentissage de l’Education Civique. Les enfants vont ainsi grandir avec des notions autres que le voyeurisme, il leur sera épargné le fait d’être considéré comme des cancres parfaits et c’est à partir de ce moment que nous aurons une administration valable, un Cameroun prospère, une Afrique en miniature comme celle dont j’étais fier, du temps de ma jeunesse… »

 

Nicole Ricci Minyem 

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