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« La rencontre entre Tibor Nagy et Paul Biya s’est bien passée », Oumar Ndoumbè

samedi, 23 mars 2019 10:06 Félix Swaboka

Oumar Ndoumbè, de la Société civile revisite l’actualité du Cameroun, après la rencontre entre Tibor Nagy et Paul Biya.

 

Le diplomate américain Tibor Nagy, sous-secrétaire d’Etat aux affaires africaines est arrivé au Cameroun comme il était prévu lors de sa tournée et a rendu visite au chef de l’Etat Paul Biya. Il faut replacer les choses dans leur contexte. Il était en tournée, c'est-à-dire qu’il prenait la température dans chacun des pays où il s’est rendu. Ce n’est pas un envoyé spécial, où un voyage destiné au Cameroun pour le règlement d’une quelconque crise. Malheureusement, les commentateurs ont fait le lien entre les déclarations du dirigeant américain et sa visite comme étant celle où il venait tancer le Cameroun. C’est un jeu normal, entre les soutiens de Maurice Kamto qui incapables de pouvoir mobiliser leurs militants, reposent leurs espoirs sur des soutiens extérieurs.

 

Celui de Tibor Nagy n’étant qu’un des soutiens parmi tant d’autres, puisqu'ils ont fait aussi fait appel à l’avocat français Dupont-Moretti. L’incapacité d’analyse de ces hommes politiques à décrypter les situations politiques est effarante et prouve à suffisance la naïveté de ceux qui prétendent prendre le pouvoir au Cameroun. La rencontre entre Tibor Nagy et Paul Biya s’est bien passée. Un signe de cette rencontre, cette photo de Georges Bush père en compagnie de Paul Biya remise en cadeau à ce dernier. En relations internationales, ces échanges ne se font pas en période de crise. Même si des sujets qui fâchent ont été abordés, ce qui est certain, ils ne sont pas de nature à jeter de l’ombre dans les relations entre les deux pays. Les gens sous-estiment la position stratégique du Cameroun en Afrique Centrale. Même si les dirigeants nationaux sont des autocrates, la communauté internationale ne peut se comporter ici comme ailleurs.

 

L’embrasement du Cameroun peut mettre toute la sous-région dans une instabilité dont les conséquences sont incalculables. Les intérêts économiques des pays occidentaux sont tels qu’ils préfèrent un dictateur qui embastille son peuple mais sauvegarde leurs biens. Les messages de cette rencontre sont bien évidemment nombreux. La résolution de la crise dans la partie occidentale du Cameroun, le chômage des jeunes, l’arrivée d’investisseurs américains, toutes choses urgentes pour le Cameroun mais qui ne changeront en rien l’attitude du Président Biya qui a fait de l’immobilisme sa ligne politique. Étant plus proche de la sortie que de l’entrée, il n’y a aucune raison que celle-ci change malgré ses deux déclarations annuelles au cours desquelles il raconte des fariboles que les camerounais n’écoutent même plus tellement elles ont été réchauffées.

 

La pierre d’achoppement est la crise dite anglophone. N’eurent été les dizaines de morts hebdomadaires et les milliers de déplacés, les camerounais attendraient tranquillement la fin de ce régime. Mais, là aussi, le Président est intransigeant. Il veut, avec ses faucons, maintenir la ligne dure, la reddition sans condition des sécessionnistes. Ce qui aujourd'hui est impossible sans que les parties en discutent autour d’une table. Sans être catégorique sur l’avenir, le fait que Tibor Nagy ait échangé avec les officiels camerounais sur le cas Kamto, n’impacte en rien qu'aujourd'hui, Maurice Kamto et ses comparses sont des prisonniers de droit commun et c’est comme tels qu’ils ont été arrêtés. Si l’on s’en tient uniquement au plan judiciaire, ils pourraient être condamnés à de lourdes peines de prison et dans ce cas, même si Kamto est élargi par le pouvoir, il serait politiquement mort car ne pouvant plus se présenter à une élection. Il serait automatiquement privé de ses droits. Si cette analyse se confirme, on atteindrait alors le somment du machiavélisme de Paul Biya, qui ne dit rien mais tisse sa toile.

 

Une fois de plus, Maurice Kamto aurait foncé tête baissée dans le mur comme le taureau dans la muléta. Comme nous sommes toujours dans le domaine machiavélique, la symbolique de la photo pourrait aussi bien se lire pour Tibor Nagy de la façon suivante : Monsieur le Président Biya, le Président Bush père vous a reçu à la maison blanche en 1991, il y a 28 ans. Aujourd'hui, il est décédé mais vous, vous êtes toujours au pouvoir. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de partir ?

 

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