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Serge Aimé Bikoi: “Les dérives des usages sociaux des gadgets androïdes au Cameroun”

lundi, 08 novembre 2021 16:27 Nicole Ricci Minyem

Le journaliste en service à radio Siantou se base sur les images de la footballeuse et de son amante qui circule sur les réseaux sociaux depuis quelques jours pour faire une lecture de la déchéance, des déviances qui ont cours au Cameroun depuis l’avènement des NTIC 

 

Serge Aimé Bikoï

 

“Depuis l'apparition des téléphones androïdes, i-phones et autres tablettes numériques dans la société camerounaise contemporaine, bien de concitoyens s'en servent tantôt à bon escient, tantôt à mauvais escient. 

Alors que certains appréhendent ces gadgets de la modernité comme une nécessité d'usage pratique, d'aucuns utilisent ces instruments pour, entre autres, scénariser leurs fantasmes sexuels et faire les sextapes que certaines figures de la scène publique et des stars diverses diffusent ici et ailleurs au mépris des règles et principes normatifs de la convenance sociale. 

A partir du moment où l'acte sexuel filmé dans un téléphone androïde sort du cadre privé pour se retrouver dans l'espace public, il y a anguille sous roche. D'où la question de savoir quelle est la perception sociale attribuée au mot sexualité avec l'avènement des téléphones androïdes.

Dans les années antérieures, des aînés sociaux ne permettaient pas à la progéniture familiale de parler de sexe et, a fortiori, de sexualité. Dans l'imaginaire collectif des acteurs des entités traditionnelles africaines, la sexualité est un fait tabou.  

Raison pour laquelle il était interdit aux cadets sociaux d'en parler en public bien que ce soit même dans la sphère domestique. Celui ou celle qui en faisait écho dans un foyer conjugal était châtié ou, du moins, blâmé par des parents, garants de l'application des normes familiales.

Cependant, avec l'avènement de la démocratisation des mœurs et la libéralisation de la vie sociale, toutes choses suppléées par la floraison des mass médias internationaux, le sexe a cessé d'être un fait tabou. 

En effet, à force de refuser d'en parler dans la cellule familiale, des jeunes scolaires et universitaires découvrent les pratiques sexuelles traditionnelles et modernes dans les médias audiovisuels d'ici et d'ailleurs. 

Avec la création d'une chaîne de télévision internationale spécialisée dans la diffusion des films érotiques et pornographiques, la sexualité,consommée par des catégories sociales, est devenue un phénomène banal, voire banalisé. Enfants, jeunes, adultes et personnes du troisième âge s'en délectent sans discontinuer.

L'avènement des téléphones androïdes a, pour ainsi dire, contribué à renforcer le socle de la banalisation de la sexualité au point où bien de personnes scénarisent leurs prouesses sexuelles au mépris de l'avis de leur partenaire. 

Des gadgets de la modernité sont des instruments où des détenteurs téléchargent des images et des vidéos concupiscentes et obscènes, ainsi que des films érotiques et pornographiques qu'ils visionnent régulièrement. 

L'expérimentation des nouvelles mondanités de la sexualité est faite. L'on objective, sans coup férir, des excroissances sexuelles contemporaines, en l'occurrence la fellation, le cunnilingus, l'ondinisme, la scatologie, la copographie, la sodomie, la zoophilie, la gérontophilie et  l'homosexualité féminine et masculine. 

Par mimétisme, des jeunes scolaires et universitaires, des stars du football, du cinéma et de la musique, qui ne veulent pas être en déphasage avec la modernité, nourrissent le fantasme lié à la pratique des nouvelles modalités sexuelles les plus répandues dans la galaxie érotique, telles que la fellation, le cunnilingus, la sodomie, etc.  

A telle enseigne que des vidéos sont faites et diffusées consciemment ou par mégarde dans l'espace public. Les sextapes de Gaëlle Enganamouit et Khalifa diffusées, ces derniers jours, dans les techno médias sont la matérialisation de la banalisation des excroissances sexuelles et, a fortiori, de l'usage à mauvais escient des gadgets numériques.

Fondamentalement, il y a, aujourd'hui, un état de déliquescence de la morale et de l'éthique des catégories sociales marquées par la montée fulgurante des formes de perversités mondaines. 

Même les stars nationales et internationales censées être des vitrines sociales deviennent, contre toute attente, des anti-modèles, autrement dit des modèles asociaux pour leur génération, ainsi que celle des cadets sociaux. 

Par le passé, la sextape de Njié Clinton, l'image incongrue de Achille Emana et, tout récemment, l'exposition de la jeune Malicka Bayemi par Martin Camus Mimb et Wilfried Eteki dans une sextape, etc relèvent, entre autres, des images indécentes témoignant des problèmes de mœurs ayant défrayé la chronique au point d'interpeller la conscience collective.

Du coup, naît un spectacle désolant et offusquant lié à l'observation de la nudité et des ébats sexuels en public. Toute chose relevant de l'indécence sociale tant ce qui est contenu dans la sphère privée est, contre toute attente, diffusé en public. 

Pourtant, dans le registre de la socialisation des masses sociales à la conformité avec les normes familiales, il est interdit de publier les rapports sexuels de tel ou de tel autre par souci de ne pas nuire à son image et à sa personnalité et par souci de ne pas dégrader l'image d'autrui désormais affichée et fichée dans l'agora. 

C'est pourquoi tout n'est pas publié et ne devrait pas être diffusé dans l'espace public tant il existe le droit à l'image. Il existe, in fine, une frontière entre le privé et le public et entre le cadre domestique et la sphère publique. Il est impératif, pour des Hommes publics, de le savoir”!

 

N.R.M

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