Comme de coutume, l’ancien maire adjoint de la commune de Yaoundé VI ne manque aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur ses camarades politiques, exposant à la face du monde, les éléments qui, selon lui constituent, constituent une entrave à l’essor du Cameroun. Ce 25 novembre, ce sont les membres du bureau de la Chambre Haute du Parlement Camerounais qui sont passés sous les flammes de sa plume
« Jamais une institution n’aura suscité autant de polémiques, tant par sa création que par son implémentation. On aura tout entendu : structure inutile, budgétivore, maison de retraite, Chambre d’enregistrement.
A l’écoute des intellectuels du dimanche, ce fut une structure de trop, inopportune, illégale et illégitime. Pour tout dire un centre de recasement de gérontocrates amis ou parents.
Au regard de la composition du personnel des institutions de la République, on se rend compte à l’évidence, que l’unique motivation de la création de ces institutions aura été pour le Président Biya, de caser ou recaser des frères, d’anciens compagnons retraités et amis aux états de services remarqués et dont la loyauté ne fait l’ombre d’aucun doute.
Capables ou incapables, valides ou invalides, grabataires ou séniles, compétents ou incompétents, on s’en fout: pourvu que son nom y figure ! Ou mieux, celui de son épouse (Camtel, Scdp).
Elecam : Madame Tsanga (de regrettée mémoire), Madame Sadou Daoudou, moyenne d’âge : 85 ans ; Conseil Constitutionnel : Joseph Owona, Clément Atangana…, moyenne d’âge : plus de 80 ans ; Conseils Régionaux : les pressentis, de Tsimi Evouna à Zacharie Perevet en passant par le Chef Angwafor III …, moyenne d’âge : plus de 85 ans ; Conseil Economique : Moyenne d’âge 85 ans avec le plus ancien Président du Conseil Economique au monde.
La Conac, moyenne d’âge : plus de 80 ans. L’hypothèque qui pèse sur l’émergence du Cameroun court dès la création de ces institutions.
Les grandes douleurs sont muettes, mais il faut être capable de s’insurger pour exorciser la souffrance au plus profond de nous-mêmes ; pour ne pas être comptables des somnolences, de l’ignorance, des méfaits, de la méchanceté de ces octogénaires et centenaires qui siègent dans cette auguste assemblée qu’est le Senat.
Pourtant, une institution à vocation dynamique, le Sénat est devenu un lieu de retrouvailles trimestrielles pour des vieillards envahis par le rhumatisme, souffrant qui de son diabète, qui de sa prostate, qui de fatigue généralisée.
Ces vieillards, qui n’arrivent pas à retrouver leur lit sans aide pour dormir, qui roulent sur des trottinettes ou qui se déplacent avec des béquilles ou encore, pour certains, mieux lotis mais qui ont presque perdu la vue, l’ouïe, l’odorat et même l’usage de la parole.
Je n’oublie pas ceux qui viennent pour les sessions et se retrouvent à l’hôpital en train d’acheter des billets de session pour se faire consulter. Il y en a qui n’arrivent plus à Yaoundé parce que manquant de force. Ne vous en faites pas, on a tout prévu, le vote par procuration est requis.
Ces vieillards, selon qu’ils sont en état de se déplacer pour justifier de leur présence effective dans un hémicycle où chaque session se confond à une séance de sieste collective, les plus usés se réveillant quand ceux restés éveillés applaudissent. Réveil avec un air méchant interrogeant le voisin du pourquoi de cette perturbation de son sommeil.
On se croirait dans un dortoir, car on dort ici à poings fermés, on se réveille avec les bras scarifiés, bave dégoulinante. On ronfle à gorge déployée, on croirait un moteur turbo à double injection à carburation directe. Tout ce vacarme, non synchronisé, aurait pu être une grande source d’inspiration pour « Eboa lottin ».
Ici, quand il faut siéger ou débattre d’un projet de loi, de bon ou de mauvais aloi, on s’en fout : le quorum n’est pas atteint, les sénateurs signifient leur impatience pour aller se constituer patients à l’hôpital, le Président n’est pas là, personne n’en est indigné, car tout le monde applaudit.
Quand il s’agit de passer du dortoir (session) pour le réfectoire (indemnités de session), tout le monde pète la forme ! A peine élus, ils ont demandé au Ministre des Finances, à cors et à cris, de leur payer les indemnités de deux semaines de travail. Les mauvais médecins qui ne respectent pas le secret médical disent que les papys ont oublié qu’un mois de travail c’est trente et un jours.
Où sont passés les jeunes, fers de lance de la nation ? A-t-on tenu compte de la hauteur des dossiers à traiter et du confort psychosomatique de ceux qui allaient être logés dans cette Chambre dite Haute ? Pauvres jeunes devenus des lances fers et des lances pierres dans la nation.
Le sommeil étant aisé au Senat, on a vu le Président qui, pourtant, dormait tranquille dans la Chambre Basse depuis des décennies, bander les muscles pour aller dormir à la Chambre Haute afin de maintenir son statut d’éternel deuxième devant l’Eternel.
Le Président Biya est resté fidèle à lui-même, et a décidé de prendre les mêmes pour recommencer. Niat Njifenji Marcel a été reconduit au poste de Chef de dortoir de la grande maison de retraite avec pour lourde mission de veiller sur les résidents aux heures du petit déjeuner, du déjeuner et au moment d’aller au lit.
Bien qu’il brille par ses absences répétées, une amitié de 60 ans prime, dans le fameux axe Beti-Bamileke, sous un air de musique d’Aïjo Mamadou : « Qui n’est pas content s’en va et le Cameroun continue ». Avec ou sans eux !
Malgré toutes les tares (difficultés d’élocution et d’allocation, difficultés de déplacement, les mauvaises langues parlant de déséquilibre psychosomatique momentané, perte et trous de mémoire à répétition, petits bobos, etc.) de papy Marcel, on s’en fout. C’est lui l’heureux « hélu » pour succéder à Paul Biya en cas d’en cas ».
N.R.M