A partir de cette interrogation, l’honorable François Biba – Député du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale pose la problématique de ces multiples dettes que le Gouvernement n’a de cesse de prendre, alors que la quasi majorité des chantiers pour lesquels ces sommes astronomiques sont perçues tardent à aboutir.
La prose de François Biba
« Vous voulez assister à la décadence d'un pays ? À l'arnaque bien organisée avec réseaux bien huilés ? Alors destination un pays situé en Afrique centrale qui avait pourtant tout pour être glorieux et cité en exemple non seulement dans la sous région, mais dans le continent et dans le monde entier.
Bien sûr qu'il est cité me diriez-vous. Mais dans quels contextes ? Quels exemples sont donnés de notre cher triangle national ?
Un pays de maquettes ? Un pays de chantiers abandonnés ? Un pays aux projets dont les budgets mettraient à mal quelque concurrence hasardeuse ?
Oui bienvenue chez nous, chez vous, si vous avez assez de courage pour vous y installer et gober les inepties qui sont servies sur des assiettes de pure porcelaine. Surtout il vous faut être patient comme un bœuf.
Patient…
Pour espérer un jour voir l'autoroute Yaoundé-Douala-Yaoundé.
Entamé depuis 2014 pour une durée prévisionnelle de 48 mois, soit une livraison prévue pour 2016, seuls environ 75 km sur 210 km ont été réalisés.
5 ans de retard et nous ne sommes pas encore à la fin de ce feuilleton mettant en avant une fois de plus, la gestion macabre de notre pays livré aux mains d'individus sans foi ni loi qui ne pensent qu'à se remplir les poches au détriment du bien-être des populations.
Afin de «moderniser» cette voie reliant les capitales politique et économique du pays, les concepteurs sont passés à une autoroute en 2x2 voies extensibles à 2x3 voies, avec une vitesse de référence de 110 km/h.
Preuve d'une absence d'étude préalable sérieuse du projet, et de benchmarking. Résultat des courses, une hausse de près de 71 milliards de francs CFA pour la première phase du projet. Soit quelque 355 milliards de francs CFA, au lieu des 284 milliards de francs CFA à l’origine.
Selon la Banque mondiale, le coût de cette autoroute est trop élevé en comparaison avec d’autres projets africains de même acabit. Dans un rapport publié en 2018, l’institution financière internationale révèle que l’autoroute Yaoundé-Douala atteindra au final près de 6,5 milliards de FCFA par kilomètre alors qu’il est d'environ 2 milliards de FCFA en Côte d’Ivoire et de 1,7 milliard de FCFA au Maroc.
Pour couronner le tout, les populations riveraines continuent d'attendre désespérément leurs indemnisations du fait des expropriations.
Vous n'avez pas la patience du bœuf, vous voulez emprunter les airs ?
Il vous faudra la cultiver cette patience car là non plus, le pari n'est pas gagné. L'unique avion de la compagnie pourrait voler en éclat au milieu d'un tourbillon de dirigeants à la recherche désespérée d'éléments justifiant les fonds astronomiques engloutis par « air peut-être ».
Peut être arriverez- vous à destination si les trous d'air ne viennent pas à bout de cette patience que vous vous évertuez à cultiver contre vents et marée que dis-je, contre vents et air.
Patient…
Pour enfin voir aboutir les travaux du complexe Olembe.
Comment comprendre que 3 mois à peine après avoir voté le budget 2021, en augmentation de 232,5 milliards aux motifs de l'achèvement des infrastructures nécessaires à l'organisation de la CAN 2022 et du CHAN 2021, l'on se retrouve à autoriser des emprunts à hauteur de 88 889 591 078 FCFA.
D'autant plus que pour ledit complexe, le 19 août 2020, le ministre des sports déclarait: «Le plus important pour nous, c’est de prendre la mesure des recommandations telles qu’elles ont été formulées lors de notre dernière visite. Nous ne pouvons que nous féliciter de leur bon niveau d’exécution. A titre d’exemple, les huit mâts d’éclairage des deux stades annexes ont déjà été positionnés. De la même manière que la pelouse du stade principal est complètement mature. Les aires de jeux du stade et des deux terrains d’entraînement sont disponibles ».
En résumé, les travaux étaient pratiquement achevés. D'où vient-il donc que courant février, le constructeur demande encore 17 milliards afin d'achever le chantier ? D'où vient-il la nécessité de contracter une énième dette pour un complexe déclaré achevé ?
12 ans plus tard, le complexe d'Olembe serti d'or et de diamants vaudrait la « modique » somme de 217 milliards de FCFA. Tout comme l'autoroute recouverte de bronze et de marbre, il serait le plus onéreux d'Afrique.
Une dette de plus, encore et toujours, pour le montant global d'environ 100 000 milliards de FCFA, sans oublier les dettes intérieures auprès des entreprises: Camrail - 15 milliards en octobre 2020; Eneo - 180 milliards en janvier 2020; Hysacam - 07 milliards environ en janvier 2020,...
Patients,...
Pour comprendre que pendant que l'on annule le défilé du 11 février 2021, fête de la jeunesse, aux motifs pris de protéger les jeunes de la Covid-19, les activités du « village jeunesse » soient maintenues.
De plus, qu'il soit demandé aux autorités locales de continuer avec les différentes activités culturelles. Plus grave, dans la foulée, un gigantesque concert est autorisé. Tous ces événements rassemblaient probablement des jeunes extra terrestres pas du tout concernés par la pandémie.
Merveilleux séjour au « wandakistan », encore mieux merveilleux séjour en « absurbanie ».
N.R.M