Sans surprise, le Conseil constitutionnel du Cameroun a proclamé le 22 octobre la victoire de Paul Biya à la présidentielle. Avec 71,28% des suffrages, le chef de l’État sortant devance Maurice Kamto, qui conteste les résultats.
Après quatre jours d’examen du contentieux électoral et des recours déposés par l’opposition, du 16 au 19 octobre dernier, le Conseil constitutionnel et son président Clément Atangana ont finalement validé, lundi 22 octobre, la réélection du chef de l’État sortant, Paul Biya, lors de la présidentielle du 7 octobre dernier.
Ce dernier totalise, selon le Conseil, 71,28% des suffrages, devant Maurice Kamto (Mouvement pour la renaissance du Cameroun – MRC – , 14,23%), Cabral Libii (Univers, 6,28%) et Joshua Osih (Social Democratic Front – SDF – , 3,35%).
Suivent Adamou Ndam Njoya (Union démocratique du Cameroun – UDC – , 1,73%), Garga Haman Adji (Alliance pour la démocratie et le développement, 1,55%), Franklin Afanwi Ndifor (MCNC, 0,67%), Serge Espoir Matomba (PURS, 0,56%) et Akere Muna, qui avait pourtant retiré sa candidature le 5 octobre dernier (FPD, 0,35%). La participation globale est de 53,85%.
Le Conseil constitutionnel a estimé, lundi, que l’élection s’était tenue « dans la sérénité et le respect de la législation en vigueur », et qu’elle avait été « libre, transparente et paisible, malgré la situation sécuritaire dans les régions du Nord-Ouest du Sud-Ouest ». Il avait déjà estimé, vendredi 19 octobre, que les recours déposés par l’opposition, et notamment par le MRC et le SDF, n’étaient pas recevables.
Conteste sécuritaire tendu
L'annonce des résultats intervient deux semaines après le vote: au Cameroun, le Conseil constitutionnel étudie les recours post-électoraux avant de proclamer les résultats officiels quinze jours après le scrutin. Ils ne peuvent plus alors être contestés.
Lundi matin, un fort déploiement sécuritaire était visible à Yaoundé aux abords de la Poste centrale où certains avaient appelé sur les réseaux sociaux à manifester contre l'annonce des résultats.
Des camions anti-émeute, des militaires et des dizaines de policiers étaient stationnés dans le quartier. Un SMS pour dissuader de manifester à cet endroit a aussi été reçu par des usagers des réseaux camerounais à Yaoundé.
Dimanche, une manifestation à Douala, souhaitée par un député de l'opposition pour "dénoncer les fraudes massives et honteuses" qui ont marqué le scrutin selon lui, avait été pareillement interdite et empêchée.
Une trentaine de personnes ont été arrêtées sur les lieux. "Les personnes qui ont voulu braver (l'interdiction de la marche) ont été interpellées et répondront de leurs actes devant la justice", a indiqué une source administrative.
Deux journalistes ont été brièvement interpellés et le député à l'initiative de la marche, Jean-Michel Nintcheu, du Social Democratic Front (SDF), le principal parti d'opposition, a été retenu chez lui par un déploiement policier, selon son parti.
Otric N.