La Solidarité est votre seule porte de sortie.
Coco, j’étais parti pour ne pas traiter cette affaire du boycott des artistes pour ne pas accorder une tribune supplémentaire à ces concitoyens dont je désapprouve la démarche mais ta sortie ne m’en a obligé. Rassure-toi, je sais qu’il est facile d’ouvrir sa bouche dans les affaires des autres, surtout lorsqu’on est soit même au calme à siroter entre deux lignes son « Matango ». Malgré tout, je vais quand même te dire ce que j’ai à te dire à ce sujet.
Rassure-toi encore la Go, je sais que la vie d’artiste n’est pas facile. Pour beaucoup, elle est souvent loin, très loin de ce qu’on voit dans les clips d’autant plus que nous consommateurs de vos musiques sommes pour beaucoup dans votre malheur. Je reconnais que ce n’est pas à force de télécharger indument vos chansons, de ne pas acheter vos disques que nous vous aidons à payer vos loyers ou entretenir vos domiciles, à inscrire les enfants à l’école, entretenir ces teints que vous avez choisi d’avoir, vous faire des « serres d’aigles » ou des make-up à la « Karda-chiant »… encore que du côté des droits d’auteurs ce n’est pas rose-rose non plus. L’une de vos principales sources de revenu est entre autres ces spectacles que vous offrez à travers le monde. Boycottés comme vous l’êtes, il peut devenir assez difficile pour vous d’assumer diverses responsabilités, d’entretenir votre train de vie etc. C’est tout ceci m’a permis de comprendre ta sortie mais autant te le dire tout de suite : tu as commis une grave erreur.
Coco, te rends-tu compte qu’en t’étant soumise à leur diktat, ces quidams pourront désormais faire chanter n’importe quel artiste toi y compris ? Ne te produiras-tu plus jamais au Cameroun ? Ou le feras-tu seulement chez ceux que vos bourreaux auront homologués ? Parce que regarde, il suffira que tu te produises à un spectacle d’une personne dont la tête ne leur plait pas ou soupçonnée d’avoir des accointances avec le régime en place qu’ils abhorrent (raison de la fatwa lancée contre vous. NDLR) pour que tu y retournes. Te confondras-tu encore en excuse et éventuellement payeras-tu les 5000 000 FCFA que j’aurai appris, ils demandent pour être rayée de liste à chaque fois ? Tu t’es mise dans de sales draps et avec toi tes collègues artistes mais rassure toi, vous pouvez encore rattraper le coup.
Par ta sortie que je qualifie de malheureuse, tu as donné du pouvoir à des personnes qui réellement n’en avaient pas. Ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre, vous et les promoteurs de spectacles êtes intimement liés et dans cette relation, de mon point de vue, les artistes ont un avantage certain en ce sens que sans eux, aucun spectacle n’est possible or sans promoteur ça l’est. Ceci dit, cernes-tu déjà le problème qui se pose dans la situation qui prévaut ? Sans aucun doute mais laisse-moi le dire aux autres : Le problème qui se pose est celui du manque de solidarité entre artistes. Il est regrettable de constater que certains de vos collègues hélas voient dans votre mise à l’écart une aubaine au lieu de vous soutenir, de faire block. Ce faisant, eux et les initiateurs de cette « Fatwa » n’ont pas poussé la réflexion très loin et ont omis de prendre en compte deux variables déterminantes : Les promoteurs qui ne sont pas d’accord avec votre fichage et nous, vos très nombreux admirateurs que ce soit ici au Cameroun ou éparpillés dans le monde. Si nous aussi décidons de les boycotter parce que considérant qu’ils se sont mis du côté de ceux qui veulent nuire à la liberté d’opinion et à la culture camerounaise ; il va de soi qu’il y’a plus de spectacle possible pour eux au Cameroun n’est-ce pas ? Passeront-ils alors leur temps à ne se produire qu’ailleurs ? Et même là-bas, si ces très nombreux camerounais qui vous aiment eux aussi décident de boycotter ces traitres qu’en sera-t-il ? Plus encore, Seront-il les mêmes à être invités à tous les spectacles ? À un moment les gens ne seront-ils pas saturer ne voir qu’eux ?
La Go des ways dis-moi, lorsque vous êtes en studio pour nous concocter ces mélodies qui nous font vibrer, nous déhancher et même souvent en concert, chacun joue-t-il de son instrument comme il veut de son côté ? N’est-ce pas faut-il que vous vous accordiez pour que ces produits que vous nous donnez à « déguster » soient agréables à écouter ? comment se fait-il que vous fassiez quelque chose tous les jours dans l’exercice de votre métier et lorsque vous êtes confrontés à un problème ne parvenez plus à le reproduire ? Vous faites ça comment ? Yi Mbeul ngaa ? (Ce n’est pas la sorcellerie ?).
Tu vois, dans cette affaire, ce sont tous les artistes - ceux blacklistés comme vous et ceux qui voient en cela une aubaine - qui sont dans la sauce et ta sortie a contribué à vous y mettre cadeau. Mais pour autant comme je le disais précédemment, rien n’est perdu. Renverser la vapeur n’implique rien d’autre que de vous montrer solidaires les uns des autres. Qu’aucun artiste camerounais n’accepte leur invitation si cette liste n’est pas dissoute et tu me diras si ça dure encore une semaine. Au besoin, internationalisez l’affaire en sollicitant le concours des artistes des autres pays et tu m’en diras des nouvelles. Oui Coco, ce n’est qu’au prix d’une solidarité élargie à ce point que vous parviendrez rapidement à inverser le rapport de force. Vous pourrez même parvenir à votre tour à blacklister ces promoteurs toute chose qui de nature à vous permettre de négocier de meilleurs cachets. Faire cavalier seul vous perdra. Unis, je te promets, pour le cas des fauteurs de trouble que ce sont les promoteurs eux-mêmes qui feront prendre des mesures pour les faire dégager et pour ce qui est de blacklister encore des artistes pour leurs opinions ou parce qu’ils se sont produits sur des scènes de personnes dont ils ne partagent pas l’opinion, ils réfléchiront par deux fois.
Voilà, je t’ai dit ma part. Je te passe la sallam !
PS : Tu as promesse non tenue envers moi. Les deux première fois qu’on s’est rencontré je t’interviewais. C’était à Yaoundé et toujours au mois de décembre… ;-) Bien du courage et transmet mon message aux autres : seule la solidarité vous permettra de vous en sortir. Et ceux de vos collègues qui ne se montreront pas solidaire d’un quelconque mot d’ordre, ne manque pas de nous donner leurs noms : ils ne feront aucun concert au Cameroun.