L’union des populations du Cameroun était devant les juges du Conseil constitutionnel ce jeudi soir à la faveur de l’audience de règlement du contentieux préélectoral. Faisant face au rejet de toutes ses listes par Elecam pour des motifs de présentation de deux listes concurrentes dans une circonscription électorale, les cadres du parti du crabe espéraient que ce serait l’occasion pour le Conseil Constitutionnel de trancher définitivement sur qui est le véritable Secrétaire Général de l’UPC entre Pierre Baleguel Nkot et Robert Bapooh Lipot.
Depuis la brumeuse décision du Ministre de l’administration territoriale de « nommer » à la veille de l’élection présidentielle un Secrétaire Général dans un parti politique organisé, l’UPC nage en eau trouble. Le crabe n’arrive pas à retrouver ses repères dans cet océan de confusion sur le nom du véritable représentant légal du parti rouge. Est-ce Pierre Baleguel Nkot comme décidé par le dernier Congrès du parti qui s’est tenu en Août 2017 à Yaoundé. Ou alors, l’honorable Bapooh Lipot qui se réclame Secrétaire Général de par sa mandature acquise en 2012. Chacune des parties campe sur ses positions. Et c’est fort de ces postures que chacun de son côté a investi des listes pour le compte des élections à venir.
Le Conseil renvoie les deux parties dos-à-dos.
Au lieu de dire le droit et de trancher définitivement la question en décidant qui est du côté de la légalité, le Conseil constitutionnel a choisi de couper la poire en deux et de reconnaître les deux Secrétaires Généraux comme tous deux patrons de l’UPC. Ainsi, pour le Conseil Constitutionnel, le conseil Electoral et pour le Ministère de l’Administration Territoriale, un même parti politique peut avoir deux directoires différents.
Et les juges constitutionnels ont traduit cet état de fait en validant les listes de la première faction, celle de pierre Baleguel Nkot dans les circonscriptions du Wouri Est, du Mfoundi, de la Sanaga Maritime et de la Haute Sanaga. Et au même moment, le Conseil valide la liste de l’autre faction conduite par Robert Bapooh Lipot dans le Wouri Sud. Maintenant pour ce qui est de la circonscription dans laquelle les deux parties sont en compétition, le Nyong Ekelle, au lieu de dire qui devrait y être conduit, le Conseil choisit le déni et annule tout simplement les deux listes dans la circonscription.
Or c’est l’instance suprême à même de dire le droit en matière de régulation du fonctionnement des partis politiques. Lorsqu’une organisation n’a plus de voie de recours interne pour régler un conflit et que toutes les solutions amiables sont épuisées, c’est la justice qui reste le dernier recours pour harmoniser la vie des organisations sociales. Et en pareille occurrence, si le Conseil Constitutionnel qui a la compétence de sa propre compétence se déclare incompétent, c’est dire qu’il n’y a que Dieu lui-même pour trancher cette affaire.
Stéphane NZESSEU