Le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), qui avait revendiqué sa victoire dès le lendemain de l’élection, a déposé au Conseil constitutionnel une «requête en annulation partielle des opérations électorales». Une incongruité selon ses détracteurs qui estiment que Maurice Kamto tente de sauver sa tête.
Maurice Kamto sollicite l’annulation du vote dans sept des dix régions du pays en raison «des multiples irrégularités, d’importantes cas de fraudes et des cas de violation de la loi». Il demande ainsi l’annulation dans les régions anglophones du Nord-Ouest et Sud-Ouest, en proie à un conflit armé depuis un an entre séparatistes et forces armées, qui a rendu impossible d’y «respecter les règles d’organisation de l’élection présidentielle».
Une attitude qui suscite des interrogations au sein de l’opinion politique camerounaise, notamment chez ses détracteurs, qui n’arrivent pas à cerner cette attitude du candidat du MRC. Plusieurs estiment que Maurice Kamto est certainement en train de se raviser, après la flopé de condamnations sur sa déclaration au lendemain du scrutin.
«J’ai reçu mission de tirer le penalty. Je l’ai tiré. Le but a été marqué… Je prends à témoin l’opinion nationale et internationale, l’évènement historique qui a rendu possible, dans notre pays, une alternance démocratique… J’ai reçu du peuple camerounais, un mandat clair, que j’entends défendre fermement.
Jusqu’au bout. J’invite le président de la République à organiser les conditions d’une transition pacifique du pouvoir afin de mettre le Cameroun à l’abri d’une crise post-électorale dont notre pays n’a nullement besoin, car, elle compromettrait son avenir. Comme je me suis engagé, je lui assure, à lui-même et à sa famille, toutes les garanties de sécurité, de dignité et de respect dus à son statut et son rang… J’en appelle au sens républicain des autorités administratives», avait-il déclaré.
Son porte-parole, Bibou Nissack, est revenu sur ses propos mercredi dernier, au cours d’une conférence de presse donnée à Yaoundé. Dénonçant les attaques dont Maurice Kamto serait la cible, ce dernier a déclaré qu’il n’a nullement été question pour son candidat d’«inviter à l’insurrection et à la violence», mais que «partout et à chaque fois, nous avons dit: la fraude nous y résisterons».
«Relisez ma déclaration: je n’ai jamais incité à l’insurrection. J’ai parlé de «changement dans la paix», j’ai offert des garanties d’immunité au président sortant. Nous allons pacifiquement mais fermement défendre les résultats que nous avons compilés», a également confié Maurice Kamto au journal Français Libération cette semaine, expliquant que ses déclarations ont été faites «sur la base d’informations fiables que nous avons déjà rassemblées».
Une prise de position qui ressemble fort à un rétropédalage. L’attitude de Maurice Kamto est d’autant plus surprenante que nulle part ailleurs en Afrique, un candidat s’étant auto-proclamé vainqueur au lendemain d’une élection présidentielle n’est finalement arrivé au pouvoir. Toute chose qui fait dire à bon nombre d’analystes que l’attitude de Kamto est «politiquement suicidaire». Mais visiblement, face aux multiples condamnations, Kamto s’est peut-être assagi, surtout que cela n’arrive pas trop tard.
Otric N.