Ne pas trouver des raisons de sourire, de rire au quotidien dans ce pays relève de l’exploit tant il y’a matière. S’est joué ces derniers jours au palais des congrès de Yaoundé, siège du conseil constitutionnel, l’avenir du pays, du moins pour les sept prochaines années. Même ce contexte empreint d’une certaine gravité n’a pas manqué d’être l’occasion pour des camerounais, d’illustrer la fertilité de l’imagination qui caractérise ce peuple d’enjoués, de bon vivants. En l’occurrence, et ainsi tournée en dérision, c’est la batterie d’avocats mobilisée par le Professeur Kamto Maurice pour défendre sa prétention de l’annulation partielle des élections du sept octobre dernier dans sept régions du pays qui a été prétexte à leur dernière trouvaille : l’avocatier. S’est adjoint à cette dernière pour qualifier le contentieux post-électoral en lui-même, une autre : la dote.
Durant onze heures de temps étalées sur deux jours, se sont succédé au prétoire, faisant feu de tout bois pour défendre la requête du candidat Kamto, maniant avec une certaine dextérité la langue de Molière ainsi que les articles de loi à nous en donner le vertige, les avocats du grand Prof hélas, n’ont pas vu la cause de leur client prospérer devant le conseil constitutionnel qui a rendu son verdict en s’appuyant uniquement sur la loi, avec toute la froideur et la rigueur qui la caractérise. Mal leur en a pris car avec ce revers, déjà tournés en dérision à cause de leur effectif jugé pléthorique et les remous suscités d’une part, par les attentes placées en eux par les partisans de leur client de grande renommée et d’autre part, par une certaine attitude que certains ont qualifiée d’hautaine, de suffisante, de prétentieuse, nos « pauvres » maitres, selon des moqueurs invétérés se sont ainsi plus rapidement attendris et ce faisant étaient prêts pour la purée d’un de leur jeune confrère, certainement abbé dans une autre vie m’ont-il dit, Maitre Atangana Amougou qui leur a dit la messe en guise de leçon de clôture de son séminaire. Purée !
La trouvaille de la dote de nos humoristes d’un autre genre n’est hélas pas pour reluire l’image de cette jeune institution qu’est le conseil constitutionnel. Je n’ai pas la prétention ici de vous apprendre ce qu’est devenue cette dernière. Se situant aux antipodes de ce qu’elle était aux origines ou un prétendant pouvait se voir refuser la main de sa bien-aimée s’il n’était pas jugé « apte », cette cérémonie de nos jours est devenue des plus folklorique, car quelles que soient les épreuves imposées au prétendant, en règle générale, l’issue est connue d’avance. Tout n’a certainement pas été parfait lors de ce contentieux mais de mon modeste point de vu, je trouve exagéré, au vu de la qualité des débats et des décisions rendues, de la vouer ainsi aux gémonies. En profane, l’observation que j’ai pu faire est que les verdicts rendus par la conseil constitutionnelle n’ont tenu aucun compte des aspects purement politiques et émotifs très régulièrement sollicités par les avocats des requérants et les requérants eux-mêmes. A certains moments, nous avons eu l’impression que les requérants et leurs conseils cherchaient plus à s’attirer la sympathie et à convaincre le public qu’ils savaient être nombreux à regarder que de convaincre le conseil avec des preuves et des articles de loi.
Quoi qu’on dise et quel que soit l’issu de ce scrutin, avec ce que nous avons vu ces derniers jours, assurément, plus rien ne sera comme avant dans ce pays. La suffisance de certains à pris un coup, aux autres d’en profiter au risque de n’avoir leurs yeux que pour pleurer lors des futures échéances. Aux amateurs de purée d’avocat, je souhaite bon appétit.