Depuis le début ce lundi du mouvement de grève des avocats au barreau du Cameroun, des questions continuent d’écumer plateaux de télévisions et de radios. Ils sont nombreux les leaders d’opinion qui veulent faire croire aux camerounais que les avocats par l’opération « zéro robe noire » dans les palais de justice, ont un agenda caché.
Il est important de rappeler que l’ordre national des avocats est un regroupement professionnel, rassemblant tous les avocats quel qu’ils soient. De ce fait, au sein de l’ordre, on retrouve les avocats qui sont très souvent sollicités tant par le pouvoir en place et ses organismes que par des acteurs de l’opposition. Les avocats d’Elecam, du RDPC, et d’autres organes pro-gouvernementaux sont avant tout, membre de l’ordre. Par principe, le barreau est un organe politiquement neutre. Impossible de voir le barreau en tant que barreau décidé de soutenir un camp politique.
Par ailleurs, les décisions au sein du conseil ne sont en aucun cas arbitraires. Les professionnels du droit et de la procédure qu’ils sont, sont les premiers à respecter les « process » qui sont les leurs. On a pu le constater à travers le communiqué rendu public dimanche dernier. Communiqué faisant état de ce que le quorum n’ayant pas été atteint la rencontre prévue n’a pas pu se tenir. Dans ce même ordre d’idée, le barreau ne saurait être instrumentalisé de l’extérieur, ou encore prendre une décision aussi grave que de suspendre toute activité dans les tribunaux et cours si ce n’est pas l’assentiment de tous ses membres.
Qui peut mettre en doute les capacités intellectuelles et la probité du barreau du Cameroun ? l’avocature n’ouvre pas ses portes au premier venu, il faut boucler de solides études de droit, passer le concours d’entrée au barreau et conclure un stage de formation auprès d’un avocat qui a un minimum de 15 ans d’expérience. C’est au bout de ce parcours qu’on peut valablement arboré une robe noire. N’est pas avocat qui veut, mais qui peut. Impossible de manipuler un corps d’expert de haut niveau comme les avocats. C’est un argument infantilisant.
Comment croire que le barreau peut comploter avec des acteurs tapis dans l’ombre pour accomplir des desseins visant la déstabilisation de l’Etat ? Leurs revendications sont essentiellement corporatistes et légitimes. Il faut simplement y apporter les solutions adéquates, au risque d’ouvrir une brèche qui pourrait donner prétexte à d’autres acteurs qui pourraient semer le désordre dans la société.
Stéphane NZESSEU