Pour le Directeur de publication du quotidien Le Jour, l’élection de Samuel Eto’o Fils à la tête de la Fédération camerounaise de football n'est pas anecdotique. Pour lui, elle va bien loin au-delà du football.
Retrouvez ci-dessous la lette d’Haman Mana à Eto’o Fils
Lettre à Samuel Eto'o
Félicitations !
Tu viens de remporter de haute lutte, la présidence de la Fédération Camerounaise de Football.
Une citadelle imprenable depuis plusieurs décennies. Beaucoup s'y sont essayé, mais le Système, verrouillé tenait bon. En se renouvelant, à travers des personnages qui avaient tous quelque chose en commun : le même mépris pour le football et les footballeurs.
Lorsque tu as entrepris de prendre la citadelle, tout le monde t'a montré que tu étais incapable de le faire parce que les choses étaient ainsi faites. On n'était pas loin du " On va faire comment ?" défaitiste que l'on lance à tous ceux qui s'essayent à faire bouger les choses dans quelque domaine que ce soit, au Cameroun.
Tu viens de démontrer par ton opiniâtreté et la victoire qui s'en est suivie, que toutes les citadelles de notre pays sont prenables. Tu as aussi réussi à démontrer que l'on peut être né à Nkongmondo, n'être le fils de personne et venir, à la force de son travail s'installer à Yaoundé, sans passer par l' Enam et autres lieux d'onction magiques qui garantissent l'accès aux positions de pouvoir dans notre pays. Par ton exemple, tu redonnes du rêve à des millions de jeunes camerounais dont l'horizon se limitait à la " traversée" ...
Au cours de cette campagne épique, tes contempteurs n'ont cessé d'asséner ce qui à leurs yeux était ton principal défaut : ton insolence, ton envie de briller, ton côté audacieux et prétentieux...Eh bien, toutes ces épithètes sont des qualités. Et ce sont tes qualités, les qualités qui manquent à la jeunesse camerounaise pour prendre conscience de sa force et prendre sa part de responsabilité dans ce pays qui s'en va en quenouille. Pour faire avancer notre pays, on a besoin de jeunes irrespectueux - comme toi- des Systèmes installés, qui croient avoir le droit de vie et de mort sur tout et tous. La morale de ta conquête est claire : on ne respecte que ce qui est respectable...
Au cours de cette même campagne, on a vu clairement dans l'opinion, deux Cameroun qui se sont affrontés : celui de la Réaction et celui du Progrès ; celui du Conservatisme et celui des Avancées ; celui du " on va faire comment" et celui du " oui on peut le faire" ( " Yes we can" ).
Ton élection n'est pas anecdotique. Elle marque une rupture. Claire et nette. Elle va bien loin au-delà du football.
Bon vent à toi.
Haman Mana