L’économiste Dieudonné Essomba affirme que ces intellectuels de haute facture comme le Pr Mathias Eric Owona Nguini qui font croire aux camerounais, que l’Etat pourra venir à bout des sécessionnistes, les trompent tout simplement.
Dieudonné Essomba l’a toujours dit quand il a eu à s’exprimer sur la résolution de la crise anglophone. Il affirme qu’à l’état actuel des choses, l’Etat ne peut pas venir à bout des sécessionnistes. Dans une nouvelle tribune, il affirme que les intellectuels comme le Pr Mathias Eric Owona Nguini qui disent aux camerounais qu’après leur défaite, les ambazoniens reviendront dans l’Etat unitaire ne font que du mensonge.
Retrouvez ci-dessous la tribune de Dieudonné Essomba
Sur le problème du NOSO : les intellectuels de luxe vous trompent !
Les Owona Nguini et d’autres dogmatiques de l’Etat westphalien vous trompent en promettant la victoire militaire du Gouvernement sur la Sécession et le retour des Anglophones dans l’Etat unitaire.
Ce sont des gens qui ne connaissent pas le Cameroun et ne font que réciter les livres étudiés en France ! Je ne suis pas sûr que tout ce monde-là n’ait jamais passé une seule nuit dans leur village qu’ils ne visitent que furtivement, au cours d’un deuil.
Aucun n’a visité les villages isolés du Cameroun lors d’une mission. Ce sont des intellectuels livresques qui n’ont vécu qu’en France, à Yaoundé et à Douala, dans les villas de luxe, les hôtels à étoiles et les campus universitaires de la Sorbonne.
Ils vivent dans des nuages inspirés des énormes grimoires qu’ils ingurgitent pour paraître savants et ne comprennent absolument rien du Cameroun !
Moi, je connais le Cameroun !
J’ai parcouru et dormi dans tous les recoins de la République dans ma carrière de Statisticien. J‘ai tout vu et je sais ce qui va se passer dans telle ou telle circonstance.
Et c’est ce que je vous dis qui est la vérité ! Il n’y a pas d’autres vérités au Cameroun en dehors de ce que je vous dis !
J’ai parcouru le Sud-ouest, lors des enquêtes statistiques et l’encadrement des entreprises agroindustrielles et j‘ai vu des forêts sinistres et noires, des marais de bambous de Chine où grouillaient des crocodiles géants. J’ai été pour les mêmes raisons au Nord-Ouest, où j‘ai vu des grottes aussi lugubres que l’enfer, d’où sourdaient les hurlements de fantômes.
Mais alors que je grelottais de peur, je voyais les autochtones évoluer dans cet environnement sinistre comme un poisson dans l’eau.
C’est pour cette raison que j’ai demandé au Gouvernement de sous-traiter la Sécession Anglophone par une police locale, recrutée dans cette population, maitrisant l’environnement comme les sécessionnistes, intégrée dans la population comme les Sécessionnistes, et qui combattraient plus efficacement les Sécessionnistes, l’armée nationale venant en appui.
Cette solution sage exigeait évidemment l’instauration du fédéralisme que malheureusement, le régime autiste de Yaoundé n’en voulait pas.
Et quand j’ai entendu les intellectuels pousser le Gouvernement à une guerre totale contre les Séparatistes dans ces zones étranges, j’ai compris que le Cameroun était perdu.
Quelle incroyable idée d’opposer dans des forêts sauvages et des montagnes escarpées une armée moderne et structurée à une guérilla séparatiste qui évolue comme un poisson dans l’eau dans un environnement humain et géographique aussi hostile ? Les techniques de la guerre classiques ne peuvent pas fonctionner ans ce cas-là !
Une fois de plus, je demande aux autorités du Cameroun de rejeter les conseils de ces intellectuels et d’écouter la raison en allant au fédéralisme. Le Cameroun unitaire ne gagnera pas cette guerre. Contrairement à ce que soutiennent les va-t-en-guerre, une sécession s’évalue comme un mouvement de libération et non comme une simple guerre qu’on mène aux rebelles.
Son objectif n’est pas de gagner militairement, mais de rendre la présence de l’Etat économiquement insupportable. Elle agit en ciseaux : d’un côté, elle entraine l’Etat dans des dépenses de sécurité et de reconstruction très importantes, alors même qu’elle sèvre l’Etat des ressources qu’il collectait dans la Zone. L’Etat est donc obligé d’aller puiser des maigres ailleurs pour les consacrer à la Région en rébellion.
Un pays unitaire peut contrôler une petite Sécession, qui couvre une part marginale d’une population nationale, comme la Casamance, la Corse ou le Cabinda qui représentent moins de 2% de leurs pays.
Mais quand elle franchit le seuil de 5%, elle devient incontrôlable avec les moyens d’un Etat unitaire.
Or, la Sécession Anglophone couvre 20% de la population camerounaise. On ne voit donc pas avec quelle magie le Cameroun pourrait maintenir une telle population avec les moyens militaires d’un Etat unitaire, autrement dit, sans l’appui d’une police locale pouvant bénéficier de l’adhésion de la population.
Et quant à cela, on ajoute que la Sécession saigne le Trésor public à blanc et que le pays lui-même est entré dans une crise économique qui va s’intensifier dans les prochains jours, il faut craindre qu’il ne soit déjà tard. Les intellectuels du Cameroun qui ont poussé le Gouvernement dans cette folie sont des menteurs et de vrais criminels !