Selon le journal le Monde, la Numéro 2 de la FIFA, la sénégalaise Fatma Samoura a été chargée, pendant au moins six mois, de remettre de l’ordre à la Confédération africaine, tout en conservant son poste. Une décision que L’UEFA considère comme un possible conflit d’intérêt.
Mission exceptionnelle et temporaire
« A compter du 1er Août et pour une durée de six mois renouvelable avec l’accord des deux organisations, Mme Samoura sera au chevet de la CAF et de son président, également visé par une enquête du comité d’éthique de la FIFA. Sa mission exceptionnelle et temporaire, consiste à remettre de l’ordre à la CAF, d’évaluer la situation actuelle au sein de la confédération et de contribuer à l’accélération du processus de mise en œuvre des réformes en cours, destiné à assurer à la CAF un fonctionnement de manière transparente, efficace et selon les standards de gouvernance les plus élevés.
L’ancienne diplomate à l’ONU conservera toutefois son poste de secrétaire générale de la Fédération internationale et pourra déléguer ses fonctions au sein de l’administration de la FIFA. Dans les faits, selon le journal le Monde, ses responsabilités seront attribuées à la garde rapprochée de M. Infantino, réélu le 5 juin, et composée de ses anciens collaborateurs à l’Union des associations européennes de football (UEFA).
Une exfiltration par le haut ?
Plusieurs sources, contactées par ce média, voient dans cette nomination la volonté de M. Infantino d’exfiltrer par le haut Mme Samoura, de plus en plus isolée depuis qu’elle a été critiquée dans un rapport interne et confidentiel réalisé, en 2018, par un proche conseiller du président de la FIFA.
Alors que l’état-major de la FIFA est déjà chamboulé par le départ vers le Milan AC du secrétaire général adjoint Zvonimir Boban, certains observateurs avisés de l’instance décrivent la manœuvre comme un moyen pour M. Infantino, qui aura les mains libres, de se débarrasser de sa numéro 2 en déguisant son exfiltration en mission de sauvetage de la CAF.
D’autres experts estiment que M. Infantino souhaite prendre le contrôle de la CAF, sans renverser dans l’immédiat son allié Ahmad Ahmad, qu’il avait contribué à porter à la tête de la Confédération africaine, en 2017, face à l’inamovible camerounais Issa Hayatou, au pouvoir durant trois décennies.
A Zurich, au siège de la FIFA, on assure que M. Infantino, qui a été réélu sur le thème de la transparence, souhaite « nettoyer la maison, taper du poing sur la table et remettre de l’ordre à la CAF en mettant en place une sorte de comité de normalisation ».
Or, statutairement, les confédérations continentales ne sont pas membres de la FIFA. Laquelle ne peut intervenir qu’en cas de crise politique ou d’ingérence gouvernementale au sein des 211 fédérations nationales. En ce sens, la décision de M. Infantino est sans précédent.
L’opposition d’Aleksander Ceferin, le président de l’UEFA
Dans un courrier envoyé à Infantino, que Le Monde a consulté, le président de l’UEFA Aleksander Ceferin s’est demandé si la désignation de Mme Samoura était conforme aux statuts de la FIFA et de la CAF.
Contactée, la FIFA ne fait pas de commentaire, mais renvoie aux arguments juridiques expliqués dans sa lettre par M. Infantino. Ses réticences ont été motivées par le fait qu’aucun document n’a attesté de la volonté de la CAF de s’en remettre à l’expertise de Mme Samoura. Par ailleurs, le patron du foot européen pointe un possible conflit d’intérêt dans la mesure où, la Sénégalaise conserverait son poste de numéro 2 de la FIFA tout en œuvrant auprès de la CAF.
A Nyon, au siège de l’UEFA, on ironise sur l’étrange timing imposé par M. Infantino : « On nous a mis le couteau sous la gorge. On n’avait pas assez de temps pour analyser la proposition dans le détail sur le plan juridique.
Nicole Ricci Minyem