En réunion hier avec les membres de l’Assemblée générale de 2009, Samuel Eto’o Fils le président de la fédération camerounaise de football a plaidé pour la réconciliation, le pardon. La rédaction d’Agence Cameroun Presse vous propose ci-dessous son discours dans son intégralité.
Chers parents, certains d’entre vous ne me connaissent pas. Ils connaissent le footballeur, ils connaissent l’enfant décrit sur les réseaux sociaux ou autres, parfois par ceux qui m’aiment ou ceux qui… même moi. Je voudrais vous dire, et je prends (à témoin) deux personnes dans cette salle, et je suis heureux de voir ces personnes parce que hier j’étais en short devant ces personnes, et aujourd’hui je suis assis ici; mais grâce à ces personnes, je suis devenu ce que je suis devenu.
Monsieur Wansi Dominique qui m’a eu comme joueur ; il était mon coach aux Brasseries du Cameroun. C’est lui qui, très jeune, a créé ce rêve en moi. Et monsieur Kaham Michel qui m’a donné la vie, parce que, après avoir pris la malheureuse décision de rester en Europe, j’aurais pu virer comme la majorité des jeunes Camerounais et me retrouver,… Parce que mes parents étaient voisins des prisons du Cameron, que ce soit New Bell ou Kondengui. Il m’a récupéré, j’étais rentré de France et je n’avais que 15 ans.
Et grâce à lui, je suis devenu l’homme que je suis devenu. AIGrs, chers parents, je profite pour vous dire merci. Et je suis heureux de vous retrouver dans cette salle, parce que Dieu est le seul à savoir ce qu’il me réserve; mais jamais je ne pouvais m’imaginer être assis ici un jour devant vous. J’avais mon rêve de devenir footballeur, de ressembler à Roger Milla, mais il m’a offert beaucoup plus. Alors je profite pour vous dire merci. Chers parents, chers coéquipiers, nous nous sommes trop battus parce que nous ne nous sommes pas donné la chance de pouvoir échanger, discuter.
Je viens chercher la paix dans notre grande famille. La paix est beaucoup plus puissante que la guerre. Et quand il y a guerre, il y a beaucoup plus d’intérêts. Les gens gagnent beaucoup plus quand il y a la guerre. Je vous prie chers parents, » je vous prie. Nous nous sommes tous battus parce que je suis aussi de 2009. Pour certains qui connaissent la petite histoire, j’ai accompagné 2009, parce que je croyais en ce changement, parce que je voulais ce changement.
Aujourd’hui, chers parents, cette maison, la Fédération camerounaise de football, nous pouvons faire d’elle ce que nous voulons. Elle nous appartient tous, tous chers parents. Elle nous appartient parce que nous avons une jeunesse qui nous regarde; parce que nous avons 27 millions de Camerounais qui pensent que nous ne savons pas nous parler. Chers parents, votre fils que je suis, vous demande humblement :’’dialoguons”. Je ne vois pas ce qui peut nous séparer. Les coéquipiers se battent parfois, mais ils ont quelque chose en commun: c’est qu’après, ils entrent dans le stade et ils vont gagner le match. Le devoir nous appelle chers parents.
Mettons la paix dans notre famille. Et montrons aux Camerounais que le football est notre bien le plus précieux. C’est la seule chose qui nous met encore… mais nous savons aussi que c’est la seule chose qui peut créer une bagarre que personne ne peut stopper. Très jeune déjà, je voyais certains se battre et je ne comprenais pas pourquoi; joueur, les mêmes bagarres; aujourd’hui j’arrive corne dirigeant, nous nous bagarrons toujours, chers parents, je me mets à genoux et je vous demande pardon. Je vous prie de donner une opportunité à notre football. Je vous prie de venir dans cette maison et qu’ensemble, même ceux qui n’ont pas pu être là aujourd’hui, nous avons tous une place dans cette maison; tous! C’est la nôtre.
«Ce que vous allez me dire de faire»
Il n’y a pas quelqu’un qui est plus légitime que l’autre dans cette maison. Je ne croîs pas ça. Je vous prie de venir et qu’ensemble,^ nous construisions le football camerounais. Je ne veux pas me jeter des fleurs; mais vous savez que le fils que je suis, personne ne peut me dire d’aller à gauche si ce n’est pas bon pour nous les footballeurs; personne ne peut me dire d’aller à droite si ce n’est pas bon pour notre maison. Il n’y a que vous qui pouvez me dire « monsieur vous allez à gauche », parce qu’en réalité c’est vous les patrons.
Mes mamans qui sont dans la salle, s’il vous plait, touchez les cœurs de mes parents qui sont là, touchez leurs cœurs. Nous nous sommes trop battus, nous avons offert un spectacle qui n’est pas à la hauteur de l’histoire que nous avons écrite. Une autre opportunité s’offre à nous. Alors je vous prie, chers parents, aujourd’hui peut-être ou pour quelques jours encore, j’aurai la possibilité de signer. Ce que vous allez me dire de faire, c’est ce que je vais faire pourvu qu’on sorte d’ici et qu’on donne l’opportunité à notre jeunesse de jouer sereinement.
Ces derniers jours, j’ai été un peu triste, mais ça fait partie de la vie, de voir que ceux qui vous ont humilié hier viennent et veulent être vos meilleurs amis, juste parce qu’ils veulent faire tomber l’un des vôtres, en pensant que je n’allais pas m’offrir l’opportunité de parler devant vous. Je suis ouvert. Pour moi, toute vérité est bonne à dire. Je répondrai à toutes les questions. Je n’ai rien à cacher. Je suis comme ça.
Un jour je partirai de ce monde, mais je veux partir debout comme un homme. Une fois de plus, chers parents, je vous demande pardon pour toutes les humiliations que vous avez pu subir pendant toutes ces vingt ou vingt-deux dernières années. C’est une nouvelle fédération. Quand je suis allé chercher ce mandat, j’ai un de mes frères que j’estime, qui n’est pas dans cette salle; et j’en ai le coeur lourd, parce qu’on a combattu ensemble. Et je ne veux pas le perdre. Et je ne vais pas le perdre. Il m’a dit « Samuel, je ne t’ai jamais menti, je ne te mentirai jamais. Ne pars pas, ils vont te battre ».
Je lui ai dit : « frère, je les ai déjà battus, ils ne le savent pas”. Le premier message que j’ai reçu quand je suis entré dans cette salle était son message. Il m’a dit « incroyable ce que tu viens de faire”. Mais je l’ai fait pour nous, pour notre famille. Loin des histoires politiques. Nous les footballeurs, on nous a toujours traités comme des vauriens. C’est notre mandat ; c’est le mandat de notre famille. Nous allons gérer ce football si nous le voulons.
Si nous ne le voulons pas, nous allons le laisser, et donner l’occasion à toutes ces personnes qui ne nous respectent pas, la possibilité de dire des énormités sur nous. C’est à nous de décider, chers parents. Moi je vous dis, si vous me demandez de me coucher, je vais me coucher. Mais pourvu que nous sortions d’ici et que le football camerounais se joue dans les stades; pas à Zurich ou au Caire où nous n’avons pas d’intérêt.
Nos intérêts sont ici au Cameroun où nos enfants doivent jouer sereinement, où nos enfants doivent être bien payés, où je souhaite voir des stades pleins. C’est ce que je suis venu vous demander chers parents. Je ne vais pas être long. Peut-être que j’ai offensé certains d’entre vous un jour, je profite aussi pour demander pardon si je’ l’ai fait. Mais je nourris ce grand rêve: voir cette fédération là où elle doit être. Et ça, c’est vous qui allez décider chers parents. Merci beaucoup.