Dans une formulation qui lui est propre, le Grand sage s’adresse au Chef de l’Etat. Il invite le Président de la République à changer d’option, de stratégie dans la manière de conduire la crise anglophone. Le sang a assez coulé fait-il entendre.
Tout d’abord, Sa Majesté s’étonne que depuis les massacres de Kumba, le Président de la République n’a pas pris la parole.
« Qu'est-ce qu'il faudrait qu'on fasse pour qu'enfin le chef parle à son peuple et descend lui-même au chevet de ce peuple meurtri et désespéré qui se sent de plus en plus orphelin ! Qui me dira un jour ce qui se passe là-dedans à la chefferie si bien que le" gouong" se brûle comme ça, ce ne sont que les notables et les serviteurs qui parlent on n'entend pas la voix du chef ? »
Comme il le fait remarquer, Paul BIYA n’est pas descendu à Buea ou à Bamenda depuis le début de cette crise. Bien évidemment, Paul BIYA n’est pas le seul concerné par cette histoire. Pour le grand Roi, tous les camerounais devraient saisir cette occasion pour faire une introspection.
Et pour ce faire, il nous sert quelques pistes de réflexions : « Comment en sommes nous arrivés à un tel niveau de violence et de barbarie? Pourquoi les camerounais sont-ils devenus si méchants les uns envers les autres ? Le Cameroun d'aujourd'hui est-il encore le même que nous avons vécu hier ? Qui peut lécher la terre et dire que ses mains sont propres sur ce que notre pays traverse actuellement ? Jusqu'à quand allons-nous continuer à couvrir la pierre avec de la terre et éviter les vrais problèmes qui minent ce pays ? Que chacun se demande quelle est sa part de responsabilité dans cette affaire. »
Le drame de Kumba est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. « L'horreur que vient de connaître notre pays avec le carnage des jeunes innocents à Kumba est inacceptable et doit interpeller tout camerounais qui a encore sa tête avec lui. Nous venons là de taper jusqu'à percer le tam-tam et chacun doit se sentir concerné car si ça n'arrive pas chez toi aujourd'hui sache que ça a juste sauté de jour. »
Sa Majesté SOKOUDJOU attire l’attention des citoyens sur les leçons que nous donnent ce drame. « Kumba nous fait comprendre qu'en réalité il n’y a plus de sacré ni d'interdit dans ce pays, que des mauvais enfants habités par un esprit diabolique peuvent se donner du plaisir à ôter la vie à de jeunes innocents, qu'on n'a plus peur de rien, qu'on ne respecte même plus la vie, et tous, nous devons nous lever comme le deuil porte quelqu'un, condamner sans complaisance de tels actes et frotter les pieds de ces mauvais enfants pour que plus jamais cela n'arrive encore dans notre pays. »
Sa Majesté SOKOUDJOU appelle au dialogue et à la réconciliation
Le sang qui a coulé ce 24 octobre 2020 à Kumba doit servir à quelque chose. « Ces jeunes innocents de Kumba ne doivent pas mourir pour rien, que leur sang versé sur la terre de nos ancêtres soit le fumier pour un retour de la paix dans ce pays ainsi que pour une réconciliation entre les enfants de ce pays. » Et pour qu’on y arrive, il faut qu’on puisse discuter.
Il est important que les protagonistes s’asseyent autour d’une table. « Je pense qu'il est plus qu’urgent que les camerounais du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest au-delà de leurs appartenances politiques et religieuses se parlent, se pardonnent, se réconcilient pour l'intérêt de ce pays car tous nous partirons mais le Cameroun restera. Que voulez-vous que l'histoire retienne de vous ? Avec quel genre d’encre vous voulez écrire votre histoire ?
Sa Majesté SOKOUDJOU implore le Chef de l’Etat à organiser le retour à la paix. « Je lance les mains au chef qui est à la chefferie, s'il m'écoute qu'il jette un coup d'œil sur la lettre que je lui avais adressée en 2008 au sujet de la crise anglophone bien longtemps avant que la situation ne dégénère et qu'il fasse quelque chose pour éteindre ce feu car le sang a déjà trop coulé. Je profite pour rendre un vibrant hommage à John Litumbe qui m'avait reçu à Buea en 2006 et qui après plusieurs discussions m'avait remis le drapeau en me disait ceci " djumba not be maried but djumba fee turn maried" »
« Le Cameroun va mal, on n'a pas besoin d'être un opposant au régime pour le dire, le dire ainsi ce n'est pas être contre mon pays ni avoir de la haine pour qui que ce soit. Tout au contraire ceux qui à longueur de journée tentent de justifier l'injustifiable volent comme ça les légumes sur leur propre couscous, ils sont à la limite méchants et l'histoire ne leur pardonnera pas. Quand c'est bon on n'a pas besoin de te dire.
Quel est ce pays où il faut absolument oindre tout le monde de matières fécales avant qu'on puisse s'entendre ?
Ce pays souffre de nombreuses frustrations, des injustices et d'une mal gouvernance à nulle autre pareille et c'est cela la cause de plusieurs conflits. Le vol, la corruption, le détournement sont devenus la marque déposée de ce régime. L'orgueil de nos dirigeants, le mépris ne peut que créer des situations de conflit.
Qui peut m'expliquer comment est-ce que le peuple peut être en train de mourir de soif et de faim.
Alors qu'au même moment un ministre se déplace dans son village le temps d'un weekend dans un convoi de 20 voitures au frais du pauvre Camerounais !! En quoi il est plus camerounais que les autres ? Comment le peuple peut être en train de pleurer de famine quand quelques-uns privilégiés pleurent d'être trop rassasiés ? » dixit le Roi des Bamendjou.
Stéphane NZESSEU