Ce stock de riz made in Cameroon non décortiqué est emmagasiné dans les entrepôts de la Semry à Yagoua dans la région de l’Extrême-Nord Cameroun à cause de la mévente du riz local sur les marchés.
L’alerte a été lancée lundi 5 août dernier par Bernard Njonga, le président de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic) sur sa page facebook. Dans une publication qu’il a intitulée le « le scandale du siècle à Yagoua et Maga », cet activiste et leader d’opinion camerounais, dénonce la situation du riz local au Cameroun. Une vidéo réalisée selon cet activiste, les 02 et 03 août 2019 à Yagoua et Maga, deux grands bassins de production du riz au Cameroun dans l’Extrême-Nord, montre des sacs de riz paddy (non décortiqué) en souffrance dans les magasins de la Société d'expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry). « J’ai vu de mes propres yeux ce qui convient d’appeler « le scandale du siècle ». Je doute que les camerounais et surtout le Ministère du Commerce connaissent la vraie situation du riz local au Cameroun. Moi le premier, je ne l’imaginais pas à ce point : du riz paddy plein dans les magasins de la Semry à Yagoua et Maga (160 000 tonnes Environ) avec certains stocks qui datent de 2015, (5 ans). Des sacs de riz paddy partout dans les quartiers à Yagoua et Maga », relève cet activiste.
Pétition
A en croire Bernard Njonga, cette entreprise camerounaise dispose de deux décortiqueuses flambant neuves en état de fonctionnement, dont une avec une capacité de 5 tonnes /Heure qui ne décortiquent pas de riz faute de preneurs. « Des coopératives à l’instar de la Fédération des groupements de riziculteurs de Maga (Fugrima) qui tirent le diable par la queue faute de pouvoir vendre leurs productions, des mini-décortiqueuses de riz qui tournent au ralenti à longueur des jours; du riz qui au lieu de faire le bonheur des producteurs est devenu leur source d’insomnies », déplore cet ingénieur agricole.
Le motif de ce gâchis, est d’après cet ingénieur agricole, la mévente du riz made in Cameroon sur les marchés locaux. « Les commerçants préfèrent vendre le riz importé parce que plus rentable. Même à Yagoua et Maga, on trouve le riz importé à côte de ce scandale du siècle. Incroyable », s’étonne t-il. Dans un entretien accordé à la Crtv radio, Fissou Kouma, le directeur général de la Semry a plutôt expliqué qu’il faut « faire en sorte que les paysans produisent davantage le paddy, rendre le riz décortiqué disponible sur le marché, ce qui est entrain de se faire progressivement.»
En effet, le Cameroun a importé selon ’Institut national de la statistique (INS) 728 443 tonnes de riz en 2017 d’une valeur de 183,7 milliards F Cfa. Au cours du premier semestre 2018, la part du riz dans les dépenses d’importation au Cameroun s’élevait à 19%, d’après l’Ins, une quantité évaluée à 1 612,7 milliards F Cfa. Pour accroître la consommation du riz local, une pétition a été initiée pour inciter le gouvernement à imposer un quota de riz local aux commerçants qui importeraient du riz au Cameroun.
Marie MGUE