Certaines femmes du MRC viennent d’importer dans nos murs le phénomène né il y a quelques mois dans l’hexagone. Les « Bobbi Tanap » ont manifesté devant la résidence de Maurice Kamto dans la journée du samedi 21 novembre 2020. Au-delà de la dimension revendicatrice et de protestation, la nudité de la femme revêt une connotation de malédiction avérée chez les peuples africains. Et la question que l’on se pose est celle de savoir si cette dimension mystique de la nudité féminine peut s’appliquer à ce mouvement mouvant. Est-ce que les femmes du MRC ne seraient pas plus proches de la pornocratie politique qu'autre chose ?
« Bobbi Tanap » veut dire « seins debout ». C’est la traduction en langue camerounaise d’un concept utilisé par les femmes dans des mouvements de révolution ou de revendication dans le monde. C’est 1930 qu’on note sur le continent noire la première manifestation documentée de femmes protestant avec la poitrine dénudée. Il s’agit des femmes d’Abeokuta dans le Sud-Ouest du Nigéria. Elles protestaient contre l’ajout de nouvelles taxes coloniales. Et elles eurent raison sur le colon. Les mouvements similaires vont se multiplier sur le continent. Mali, Libéria en 2008, Kenya et même la Côte d’Ivoire et la Centrafrique. A chaque fois, ces marches ont donné raison aux femmes.
Pour cette version de ce mouvement à la camerounaise, c’est au cours de cette année 2020 qu’elle va prendre naissance à la faveur des manifestations de la Brigade Anti Sardinards à Paris en France. Réagissant aux forces de l’ordre française, certaines femmes vont se dénudées au milieu de la foule en présentant leurs seins à l’air libre. Fort de cet acte, elles mettent sur pied un groupe facebook en Août 2020 et créée une nouvelle branche aux multiples mouvements de révolutions du Cameroun qui pullulent en occident. Seulement, au-delà des discours, ces femmes donnent plutôt l’impression de se livrer à des actes de dénudement de circonstance. Comme une sorte de réaction par dépit face aux forces de l’ordre qui sont en face d’elles. De plus, l’idée n’est même jamais partagée par toutes les femmes présentes au moment de le faire. Ce qui laisse l’impression qu’il s’agirait plus d’un excès de zèle de certaines femmes. Ce qui est complètement différent de ce que nous avons souvent assisté dans d’autres mouvement comme ce fût le cas au Burkina Faso où, sans prévenir, de manière coordonnée et dans un nombre très important, des femmes mûres pour la plupart d’un âge avancé ont battu le pavé pour porter ouvertement une revendication politique.
Or dans le cas camerounais, on tarde encore à voir ce véritablement mouvement empreint de spiritualité et même de mystique africaine qui part d’un point à l’autre en étant dénudées à l’avance et en l’étant toutes. Autant de choses qui peuvent donner raison à ceux qui pensent qu’on est plus dans le cas camerounais, dans une sorte de pornocratie libérale.
Stéphane NZESSEU