Une fois le président du MRC libéré, certaines voix s’élèvent pour faire des rapprochements entre cette libération et la sortie du ministre des affaires étrangères français, Jean Yves Ledrian, devant le parlement de son pays. Une position qui tend malhonnêtement à mettre en doute la souveraineté du Cameroun.
Le président d MRC est désormais libre de ses mouvements. Maurice Kamto peut tout librement sortir de son domicile et vaquer à ses occupations depuis quelques heures. Seulement, alors que son camp n’a pas encore fini de célébrer cette belle bouffée d’air, voici que certains militants lèvent la voix pour faire croire au public camerounais et aux observateurs de la scène politique camerounaise que cette libération n’est rien d’autre que le fruit d’une pression effectuée dans l’ombre par les officines de l’Elysée.
En effet, ces pourfendeurs du régime de Yaoundé s’appuient sur les récentes déclarations du ministre des affaires étrangères de la France au sujet de la situation de Maurice Kamto. Jean Yves Ledrian, répondant à une question posée par le parlement de son pays se disait inquiet de la situation du leader de l’opposition au Cameroun. Et il a suffi à ces amoureux de la polémique inutile et de la discorde, juste ce bout de phrase pour précipitamment conclure à une ingérence de la France dans la libération de Maurice Kamto. A ces camerounais, il faut simplement rappeler que ce n’est pas la première fois que le président du MRC et bon nombre de ses militants sont ainsi inquiété par la justice camerounaise. Et comme c’est de règle dans tout Etat qui souhaite faire respecter ses lois, chaque fois que des hommes politiques, même de la trempe de Maurice Kamto, se trouveront dans une posture susceptible de porter atteinte à l’intégrité de la Nation, ils verront leurs capacités à aller et venir restreintes.
Toutefois, ceci ne légitime pas les conditions dans lesquelles le président du MRC a été retenu au sein de son domicile sans acte judiciaire durant deux mois. L’appareil politique et judiciaire au Cameroun ont encore à se démarquer l’un de l’autre, mais ce n’est pour autant que l’Etat n’est pas un Etat souverain. Capable de prendre les décisions d’intercepter ou de libérer qui que ce soit. Il faut savoir raison garder. Tout observateur lucide perçoit parfaitement que sa rétention, bien qu’on s’interroge encore sur son caractère légal, avait tout à voir avec le bon déroulement des premières élections régionales au Cameroun.
Stéphane NZESSEU