Les microbes sont nés en Côte d’ivoire vers les années 2010. Et depuis quelques mois, le phénomène est importé à Douala où ils opèrent suivant les mêmes modes et les mêmes frayeurs.
C’est au cours la crise post-électorale de 2010 que les rues d’Abidjan ont vu se transformer les enfants de la rue et les autres enfants abandonnés, en brigands et bandits d’une dangerosité particulière. Ils s’illustrent par une violence hors du commun. Ils multiplient les agressions d’une rare violence dans la ville d’Abidjan. Le fait le plus marquant, celui qui va inscrire « les microbes » dans le registre des gangsters les plus virulents, c’est l’assassinat en septembre 2010 d’un policier, égorgé par un groupe de « microbes » dans la commune de Yopougon. Une agression qui a suscité une forte émotion. Au cours de cette dernière décennies, armés de machettes et d’autres armes blanches, ces jeunes vont terroriser, voler et piller des boutiques et des domiciles privés sur leurs passages.
Il faut dire que pour nombre d’ivoiriens, la survenue des microbes est une conséquence de la mauvaise administration de l’équipe d’Alassane Ouattara.
Les microbes disent ne pas être des assassins…
Selon leur mode opératoire, à la base, les microbes n’ont pas l’ambition d’ôter la vie aux personnes. Ils opèrent essentiellement dans le but de pourvoir à leurs besoins. Quand ils se retrouvent dans leurs cachettes appelées "fumoir", ils consomment de la drogue et décident du quartier ou du marché dans lequel ils vont mener les agressions. Ils peuvent faire les sorties en journée, mais le plus souvent c'est début de soirée et durant toute la nuit. Armés de machettes et d’autres armes blanches, l’objectif principalement est d’intimider. D’ailleurs, les commerçants d’Abobo ou des autres quartiers de la ville ne se sentent presque plus perturbés par leurs passages, ils n’opposent tout simplement aucune résistance quand ces derniers se servent. Bien qu’il faut souligner que depuis le début du phénomène, des gangs classiques qui préexistent dans ces environnements sociaux ont tendances à se confondre aux « microbes ». Parfois ce sont « les microbes » qui adhèrent aux milices qui écument la ville, ou alors, les milices qui contrôlent certains territoires du quartier vont soumettre « les microbes » qui vivent sur leurs territoires.
Conséquence, à la fin, il devient difficile de définir les limites entre les opérations des milices ou alors des « microbes ». Seulement, une chose reste sûr, les microbes restent le plus souvent des jeunes enfants, ou des jeunes adolescents qui ont « faim » et qui veulent simplement se nourrir ou avoir de l’argent pour acheter la drogue. Et c’est ce phénomène qui aujourd’hui est en train de s’installer dans la ville de Douala.
Stéphane NZESSEU