Un test a été lancé ce jeudi matin sur les antennes de ABK radio à Douala. Et fort est de constater que sur une dizaine d’intervenants, à peine deux ont pu exécuter l’hymne national convenablement.
Ce qui était parti pour être juste un jeu pour le réveil matinal s’est avéré témoigner du manque de civisme criard des citoyens camerounais vivant pour l’essentiel dans la ville de Douala (zone de diffusion de la radio sur laquelle se déroulait l’activité). Derrière l’aspect ludique qui enrobait cette matinée effrayante, on a pu se rendre compte du niveau de méconnaissance ou plutôt de non maîtrise par les camerounais des paroles et même de la mélodie correcte de l’hymne national de notre pays. Entre ceux qui confondait les positions des différents vers du chant de ralliement national et ceux qui transformaient les mots en d’autres mots qui n’avaient rien à voir avec le sens des paroles de l’hymne, tout y passait. Pourtant, tous étaient des citoyens d’âge mûr.
Sur les antennes, tandis que d’aucuns évoquaient le fait que c’est depuis l’école primaire qu’ils n’ont plus été en contact avec le chant pour se dédouaner, d’autres reconnaissaient humblement qu’ils n’avaient pas une bonne connaissance des paroles. Et là on ne parle que du premier couplet de l’hymne. Car, ils sont très nombreux les camerounais qui ne savent même pas que l’hymne national du Cameroun a deux couplets. Et que c’est la raison pour laquelle, même lorsqu’on ne chante pas ce deuxième couplet, on reprend tout au moins le refrain à deux reprises.
Pourquoi les citoyens camerounais ne chantent pas correctement l’hymne ?
Cette question mérite une étude approfondie par les spécialistes des sciences sociales, pour diagnostiquer avec précision, non seulement l’étendue de l’ignorance sur l’ensemble du territoire, mais aussi les causes profondes de ce mal. Du regard du journaliste, nous constatons simplement que ces cadres où l’hymne national devait être enseigné et exécuté, ont considérablement diminué voir disparu pour certains. Dans les établissements scolaires, les cours de civisme ne sont plus aussi prégnants qu’autrefois. La légèreté qu’on observe dans la considération que l’éducation d’aujourd’hui accorde au civisme peut expliquer pourquoi certains jeunes ne chantent plus correctement l’hymne. Par ailleurs, dans la société, les cérémonies de levée des couleurs dans les structures de l’Etat ne sont plus entourées du cérémoniel rigoureux qui obligeait parfois les passants à s’arrêter pendant la levée des couleurs qui est en principe accompagné de l’exécution de l’hymne. Finalement, il n’y a pratiquement plus d’endroit où on peut de temps à autre écouter cet hymne.
Il ne restait plus que les rencontres sportives. Notamment les sorties des lions indomptables du Cameroun. Mais là encore, depuis que ces lions ne retiennent plus l’intérêt du grand nombre, ils sont nombreux qui n’ont plus la possibilité d’écouter les textes et la mélodie de l’hymne national. Et à ce niveau on ne parle même pas encore de comprendre et d’intégrer les valeurs que communiquent ce chant.
Stéphane NZESSEU