Les habitants de la ville de Douala connaissent bien cet hôpital de référence qu’est devenu l’hôpital Laquinitinie. Mais combien savent d’où vient le nom Laquinitinie et qui était ce jeune homme qui aura laissé une trace aussi importante dans l’histoire du Cameroun.
Jean Laquintinie n’est pas le fondateur de l’hôpital qui porte son nom aujourd’hui. C’est un jeune médecin militaire français qui va mourir à Yaoundé le 05 mars 1941, à l’âge de 32 ans alors qu’il venait d’être désigné médecin chef de ce qu’on appelait à l’époque l’hôpital indigène de Douala. C’est en 1931 que l’armée française crée l’hôpital indigène de Douala.
Le médecin capitaine Jean Laquinitinie était un jeune médecin de l’armée française. Il fait partie de ceux qui ont suivi le colonel Leclerc au Cameroun, et qui partiront du Cameroun pour libérer la France de l’emprise allemande au cours de IIe Guerre Mondiale. Il va recevoir la distinction de compagnon de la libération le 13 Mai 1941, quelques mois après son décès à Yaoundé.
Jean Laquintinie est né le 26 septembre 1909 à Orléans dans le Loiret en France. C’est en octobre 1929 qu’il entre à l’Ecole du service de santé militaire de Lyon. Cinq ans plus tard (1934), il rejoint l’Ecole d’application du service de santé des troupes coloniales à Marseille. C’est en Février 1936 qu’il va arriver au Cameroun pour la toute première fois. C’est son premier poste d’affectation. Il va y travailler comme médecin lieutenant en équipe mobile. Il va passer le clair de son service au Cameroun dans la ville de Yaoundé. C’est dans le cours de ces activités qu’il va être remarqué par un autre médecin qui était déjà implanté sur le sol camerounais, le Dr Louis Paul Aujoulat. Les deux hommes vont travailler ensemble. Le jeune médecin, Jean Laquintinie va également apporter ses compétences pour les hôpitaux de la chaîne des hôpitaux « Ad Lucem ». C’est d’ailleurs avec l’aide de Louis Paul Aujoulat qu’il va repartir en France en 1938 (après deux ans de fonction au Cameroun), pour faire une formation en chirurgie.
Jean Laquintinie va revenir au Cameroun au terme de ses deux ans d’études en France (1940). C’est alors qu’il est affecté comme médecin chef de l’hôpital indigène de Douala. Un hôpital fondé en 1931. Arrivé à Douala en Janvier 1940, dès le mois de Novembre 1940, il intègre le premier régiment de tirailleurs du Cameroun que dirige le Colonel Leclerc. Avec cette armée, il va participer à partir de Février 1941 aux opérations de Lybie. Il va se distinguer lors de la bataille de Koufra. Jean Laquintinie soigne, opère, et réconforte autant que possible les troupes camerounaises qui combattent pour la libération de la France. Durant cet exercice, il va se piquer imprudemment le bras. Il va infecter ce bras, qui sera amputé quelques jours plus tard. Or, le jeune homme de 32 ans souffre déjà de paludisme. Il est renvoyé au Cameroun le 04 mars 1941 après la fin de la bataille de Koufra. Et il décède le lendemain (05 mars 1941) à Yaoundé.
C’est en 1950 que les français qui dirigent encore le Cameroun décident de donner son nom à l’hôpital indigène de Douala. Cet hôpital devient donc l’hôpital Laquintinie.
Stéphane NZESSEU