Alors que les examens de fins d’années suivent leurs cours, certains enseignants et élèves sont dans les geôles de la prison de Kondengui pour avoir bénéficier de la fuite des épreuves des examens.
Pour Serge Espoir Matomba, la cause de cette situation est l’irresponsabilité des différents acteurs de la chaîne de distribution des épreuves des examens officiels au Cameroun. Des acteurs dont l’identité des principaux responsables est connue. « Une enquête pour identifier les responsables est initiée par le Ministre des Enseignements Secondaires avec la complicité technique des services en charge des questions de piratage informatique. Des coupables sont identifiés quelques semaines plus tard et leurs noms rendus public dans l’ensemble. »
Seulement, des jeunes camerounais très loin des centres de production des épreuves à Yaoundé sont également interpellés. « Les fonctionnaires et un élève candidat à cette session du baccalauréat présumés coupables de cette forfaiture sont interpellés par le juge et déféré en prison. Le tollé est général et les voix s'élèvent de toutes parts dans l'opinion pour dénoncer ce qui est considéré comme une injustice. Les partisans de cette thèse estiment et soutiennent que l'élève n'a aucune responsabilité dans le délit commis puisqu'il n'est administrativement pas en charge de la sélection, de la reprographie et de la distribution des épreuves pour être lui aussi incarcéré.
Certes, les fonctionnaires présumés coupables de ces actes n'auraient pas dû les poser. »
Mais Serge Espoir Matomba se démarque du reste de l’opinion courante en rappelant aux uns et aux autres les exigences de la société démocratique dans laquelle nous vivons. Pour lui, les personnes interpellées sont entre les mains de la justice et il n’est pas question de dicter à la justice le comportement à avoir.
« Mais en quoi et au nom de quel droit l'élève était-il obligé de divulguer des informations qu'il savait sensibles une fois qu'il les avait reçues ? Doit-on tout se permettre au nom de ce qu'on est derrière un clavier ou de ce qu'on serait adolescent ? Pouvons-nous nous autoriser de penser qu'un candidat au baccalauréat âgé de 19 ans est à ce point inconscient ? Ou considérer que le statut d'adolescent est une immunité qui protège de toutes les dérives ? Auquel cas, tolérons et libérons désormais tous ceux de cette tranche d'âge qui agressent, volent, violent et assassinent. […] Nous ne pouvons en même temps pas souhaiter une justice libre et indépendante et vouloir lui dicter sa conduite au gré des intérêts lorsqu'elle décide de s'appliquer. Nous ne pouvons pas décrier un Cameroun de l’arbitraire, des abus et de l'impunité et en être les premiers promoteurs. Nous ne pouvons pas réclamer une République exemplaire et promouvoir le contraire dans nos actes.
Le réflexe de la République du tout permis doit à un moment s'arrêter. Et si cela doit commencer par la décision de ce juge tant mieux, quitte à ce qu'il décide d’être indulgent ou pas. Mais vivement que cela le soit en toute indépendance et en son âme et conscience. »
Cette interpellation doit au demeurant nous prodiguer des enseignements.
« D'abord que tout n'est pas bon à partager sur les réseaux sociaux. Ensuite que la République peut décider à tout moment de traquer ceux qui la traînent dans la rue et dans la boue, et les punir. Le changement souhaité de notre société nous incombe à tous. Il commence par notre affranchissement de nos émotions, par notre devoir de lucidité et d’objectivité. C'est à ce prix et à celui de bien d'autres plus que nous sortirons des impasses auxquelles nous sommes quotidiennement confrontés. »
Une prise de position du leader du PURS qui reste discutable quand on sait que les sept (07) responsables de la fuite des épreuves qui ont été identifiés au sein de l’office du Bacc continuent de vaquer à leurs occupations sans crainte, mais ce sont des « soi-disant comparses qui croupissent en prison ». Drôle de justice.
Stéphane NZESSEU