Cela fait 31 ans aujourd’hui que Ahmadou Ahidjo – Premier Président de la République du Cameroun s’en est allé et, malgré le vœu émis alors qu’il se trouvait en exil au Sénégal, ses restes ne sont toujours pas revenus sur sa terre natale.
Oublié par ses compatriotes
C’est le sentiment qui prévaut en ce jour anniversaire du décès de l’Homme qui, le 1er Janvier 1960 déclama cette phrase qui est restée gravée dans la mémoire de ceux qui ont vécu ce moment mémorable pour cette nouvelle Nation : « Camerounais, Camerounaises, le Cameroun est libre».
Aucune manifestation officielle prévue sur l’ensemble du triangle national
Rien qui soit envisagé afin de parler du Feu Président Ahmadou Ahidjo aux générations nées pendant ou alors après l’accession à la magistrature suprême du Chef de l’Etat Paul Biya.
A certains moments, son souvenir est évoqué sous les chaumières à voix basse par des personnes qui évoquent avec nostalgie cette époque qu’ils considèrent comme étant la plus heureuse de leur vie, grâce à la gestion drastique des biens publics, sous le magistère de Ahmadou Ahidjo.
Ils n’hésitent pas à rappeler quelques anecdotes, notamment cette visite impromptue que fit le Premier Président de la République « au ministère de la Fonction Publique et de la perte de l’emploi de la secrétaire d’un Haut commis de l’Etat qui s’en est suivie, parce qu’elle avait été discourtoise dans son propos, en répondant à un usager qui s’enquerrait d’un service. Ce jour là, mal lui en a pris parce qu’en face d’elle, il ne s’agissait pas d’un usager lamda, mais plutôt du Grand Camarade… ».
Ou encore de la convocation, au Palais du Lac d’un proviseur qui, après avoir pris connaissance des notes de l’un des enfants du Président de la République, a décidé que ce dernier ne pouvait réussir à son examen.
Les « historiens » qui relatent ce fait, affirment que « Malgré les mises en garde de ses collaborateurs, ce proviseur est resté ferme sur sa position et, lorsqu’on lui a fait savoir qu’il était convoqué au Palais présidentiel, il a fait ses adieux aux membres de sa famille… ».
Seulement, en lieu et place du châtiment qu’il s’apprêtait à subir avec honneur et dignité, il a été nommé ministre de l’Education car, sa probité morale avait prévalu au-delà de toute autre considération.
Les mêmes témoins de cette période comparent le train de vie, la fortune, de même que la mentalité des « membres du Gouvernement de l’ère Ahmadou Ahidjo » à ceux qui ont pris le relai de 1982 à ce jour, en insistant notamment sur les montants faramineux qu’on soupçonne ceux qui sont aujourd’hui incarcérés dans les principales maisons d’arrêt du Cameroun d’avoir détourné.
Une image que ne semble pas partager certains acteurs politiques,
A l’instar des militants de l’Union des Populations du Cameroun qui, selon « Jeune Afrique », n’étaient pas d’accord pour cette forme d’indépendance ; car, celle-ci octroyait aux puissances coloniales, une main mise dans de nombreux domaines et, pour eux, cette souveraineté était factice.
Mais qui était réellement Ahmadou Ahidjo ?
Le site « Universalis Fr » nous renseigne à ce propos
Fils d'un chef foulbé, né à Garoua, Ahmadou Ahidjo doit à ses origines peules et à sa formation musulmane une part de sa personnalité. Sa vie est celle d'un autodidacte et d'un rassembleur d'hommes.
Après des études coraniques et primaires dans sa ville natale puis à Yaoundé, Ahmadou Ahidjo est intégré dans les cadres de l'administration coloniale française en tant que radiotélégraphiste. Élu à l'Assemblée territoriale du Cameroun en 1947, il devient, de 1953 à 1958, conseiller à l'Assemblée de l'Union française tout en étant vice-président de l'Assemblée territoriale en 1955 et président, lorsque l'assemblée devient législative en 1957.
Lorsque l'autonomie interne est accordée au Cameroun, Ahmadou Ahidjo devient vice-Premier ministre chargé de l'Intérieur dans le gouvernement présidé par M'Bida. Mis en minorité par l'Assemblée à cause de sa politique trop proche de la France, M'Bida est remplacé en février 1958 par son vice – Premier ministre, qui continue à bénéficier de l'appui du gouvernement français. Son programme va porter sur l'indépendance du pays, sur l'unité nationale et sur le développement économique.
S'appuyant sur son parti, l'Union camerounaise, et grâce au maintien des troupes françaises, il poursuit la lutte contre la rébellion de l'Union des populations camerounaises (U.P.C.) en pays bassa et bamiléké ; ainsi, c'est dans une atmosphère de guerre civile que sont célébrées les fêtes de l'indépendance du Cameroun, le 1er janvier 1960.
C’est le 05 mai 1960 qu’il est élu Président de la République, et son premier geste est de proclamer l'amnistie générale et inconditionnelle en faveur de ceux qui acceptent de quitter les rangs des maquisards de l'U.P.C.
Ce sens du dialogue favorise la réunification des deux Cameroun. Par référendum, le Cameroun occidental, anciennement sous mandat britannique, refuse l'intégration avec le Nigéria et opte pour la réunification avec le Cameroun oriental francophone…
Nicole Ricci Minyem