Le prélat a rencontré à plusieurs reprises les combattants séparatistes dans les brousses des régions en guerre. Le constat est clair, la lutte s’est essoufflée depuis longtemps.
Dans un entretien accordé à nos confrères de Sputnik, le Cardinal Christian TUMI présente le véritable visage de la crise qui continue de sévir dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. On apprend de la voix du cardinal ceci : « J’ai déjà rencontré quelques-uns de ces hommes [les séparatistes armés, ndlr] qui sont dans la brousse avec des armes. Aujourd’hui, certains d’entre eux ne savent même plus pourquoi ils luttent. Il semblerait que ceux qui sont aux États-Unis et qui militent pour la création d’un État indépendant [les leaders de la sécession, ndlr] leur aient dit que les Nations unies allaient intervenir et que le conflit se réglerait en une année. Mais ces leaders ne maîtrisent plus la situation.
Cependant, de nombreux combattants commencent à quitter leur cachette. J’en ai déjà reçu quelques-uns ici à Douala, avec le soutien du gouvernement représenté par le Premier ministre, je les ai aidés à réintégrer la société et des centaines d’autres émergent progressivement de la brousse. L’archevêque de Bamenda, qui vient d’être installé, a déjà fait revenir presque 400 séparatistes au Nord-Ouest. J’en ai rencontré en janvier quand j’étais à Kumbo (Nord-Ouest), dans mon village, et leur chef m’a confié qu’il comptait se réfugier au Nigeria. L’une des révélations qu’il m’a faites, c’est que la majorité de ceux avec qui il se trouve sont des Nigérians et qu’il comptait un seul Camerounais dans ses rangs. Depuis que cette crise a commencé, je vais chaque année à Kumbo chez moi pour être vraiment au courant de ce qui se passe. »
Des révélations qui donnent raison in fine au ministre de l’administration territoriale Paul ATANGA NJI. Lui qui au détour de ses dernières visites à Kumba et même à Bamenda a clairement dit que le conflit est terminé. Les populations continuent d’être soutenues par les forces de l’ordre et manifestement, la peur a changé de camp. On apprend également de cette conversation accordée par le Cardinal, que de nombreux nigérians menaient les batailles aux côtés des assaillants camerounais. Les populations locales ne se sentaient tellement pas concernées par ce conflit, au point où on pouvait retrouver dans un groupe de combattants uniquement deux camerounais (le chef de la bande et un autre). Le reste c’étaient des mercenaires étrangers. On peut comprendre la violence de ces derniers sur les populations locales comme on a pu le constater au cours du conflit.
Stéphane NZESSEU