L’écrivaine fait ici une réflexion fondamentale. Les hommes politiques camerounais sont très souvent vidés de leur substance à cause des influences de l’argent. Ils cessent de penser notre société pour la panse.
Calixthe BEYALA dans une sortie sur son profil Facebook affirme : « Avant d'entrer en politique, il convient d'avoir un métier qui vous assure de quoi loger, manger, éduquer vos enfants... être autonome financièrement. Faire de la politique sans aucun moyen économique c'est courir le risque d'une errance politique, c'est aussi courir de parti en parti en quête de pitance, c'est tout sauf faire de la politique. Faire de la politique c'est avoir les moyens de sa politique qui vous permet d'avoir une idéologie et des positions bien à vous. C'est avoir les moyens pour demeurer incorruptible. »
Eh bien le mot est lâché. Il s’agit de lutter contre la corruption des hommes politiques. Pour l’intellectuelle et écrivaine camerounaise, avoir un emploi avant d’arriver en politique serait la solution pour rester intègre et ne pas se laisser entraîner ci et là, avec le risque de voir s’effriter la substance de leurs positions politiques. Avoir un emploi bien rémunéré pourrait mettre à l’abri. En effet, quand on n’a pas « faim », il est difficile de subir des chantages financiers. Encore que …
Manifestement, le postulat de Calixthe BEYALA a d’énormes limites. Car il faut bien reconnaître que le jeu politique c’est un jeu de rapport de force et de jeu de pouvoirs. De ce point de vue il arrivera tout le temps qu’en fonction des objectifs de chaque parti, dont le trait d’union est toujours la conquête du pouvoir, il arrivera donc que les jeux des alliances, des coalitions et autres peuvent parfois amener des politiques à accepter des liaisons de contre nature. De plus, il faut reconnaître que le maître mot devrait être l’intégrité des acteurs politiques. L’intégrité est une valeur, une qualité qui constitue une barrière contre la corruption.
Avoir un emploi, même bien rémunéré ne garantit pas qu’on aura les idées novatrices pour la société. Très souvent, quand on est très impliqué dans les affaires et que son revenu est très important, il plus probable d’avoir plus de conflits d’intérêts si l’on devient politicien. Aussi, tenir le postulat de Calixthe BEYALA voudrait également dire que la pratique politique devrait redevenir la seule affaire des classes bourgeoises. Les sans-emplois ont eux aussi le droit de revendiquer un mieux-être et de porter aux affaires un des leurs pour défendre leurs droits.
Stéphane NZESSEU