Celui qui était jusqu’à mercredi matin l’avocat de dame Stéphanie Djomo est à la fois heureux pour sa libération, mais surpris par le déroulement de la procédure en cours. Un dilemme qui interroge.
Me Cheik Ali Al Assad nous apprend que c’est l’une des filles de dame Djomo qui se rend à son cabinet à la suite de son arrestation pour lui demander de les aider. « Elles ont marché sept kilomètres à pied pour venir me rencontrer ». Face à la précarité de cette famille, il accepte de se constituer pro bono (gratuitement).
C’est ainsi qu’il va s’enquérir de la procédure en cours devant le tribunal militaire. Il fait savoir qu’il était présent le jour où celle-ci va être inculpée officiellement. Plusieurs jours après son arrestation qui s’est fait un dimanche en début de soirée. Mais selon Me Cheik Ali Al Assad, les choses vont s’accélérer dès ce lundi.
En effet, selon Me Ali, « lundi dernier, 16 novembre 2020, le Commissaire du Gouvernement a extrait sans autorisation du juge d’instruction dame Stéphanie Djomo. Elle est sortie de la prison centrale de New Bell pour le bureau du Commissaire du Gouvernement. Je vais seulement apprendre qu’elle est déjà dans le bureau du Commissaire du Gouvernement. Une fois que je m’y rends, je serais interdit d’avoir accès à ma cliente. Elle va rester dans le bureau du Commissaire du Gouvernement de 08heures à 16 heures. Ils vont être rejoint par un représentant du ministère de la défense. Et une autre personne. Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit avec précision.
Je vais apprendre à la fin qu’on lui a poser des questions du genre, comment elle fait pour se paye un avocat, quels sont ses liens avec le MRC ou avec Equinoxe TV et d’autres questions pour l’amener à tisser des liens avec le parti politique, le média et le faux témoignage. » D’après les dire de Me Ali, c’est finalement au sortir de cette rencontre que dame Stéphanie Djomo va visiblement adopter de nouvelles positions. Elle va mercredi matin décider de se séparer de ses avocats constitués pro bono. Et à la surprise de tous, elle va être libérée pour comparaître libre dans la procédure qui suit son cours.
La suite elle va être reçue sur les antennes de la CRTV pour « demander pardon » aux camerounais. Finalement, elle va regagner son domicile. Mais au final, comment comprendre la justice camerounaise à la fin ? Embastiller une personne au début de la procédure en estimant qu’elle a commis un crime d’une extrême gravité, et relâcher celle-ci une fois qu’elle est passée aux aveux. Difficile à comprendre.
Stéphane NZESSEU