Le phénomène va grandissant, les hôpitaux sont de moins en moins sollicités par les camerounais. La médecine traditionnelle est devenue ces dernières années une sorte de panacée pour ces populations.
Pratique courante jadis qui touchait le monde rural, envahit actuellement l espace urbain. Les cabinets de naturopathes poussent tels des champignons dans les grandes métropoles.
Marché du Mfoundi à Yaoundé, lieu dit « pont de la gare. » le secteur est réputé être le plus important marché d’approvisionnement des spécialistes de la pharmacopée naturelle dans la ville. De bonne heure, ces « pharmaciennes d’un autre genre », ont déjà pris place en bordure de route et attendent les potentiels acheteurs. Régine Ngono est installée là depuis des années, elle explique comment ça se passe avec ses clients.
« Ici il y a des remèdes qui soignent typhoïde, paludisme, jaunisse…quand tu viens tu dis que tu as la typhoïde par exemple, comme c’est six mois de traitement, il faut prendre 4 à 6 bouteilles de 1,5l de remède par mois, jusqu’à 6 mois. Le patient doit boire un verre à jeun le matin et le soir également. Ces remèdes sont un mélange de feuilles, écorces d’arbres, de fruits etc... et ce produit seul soigne beaucoup de maladies, même le VIH/sida. »
Le constat est évident, le recours à la médecine traditionnelle est devenu une pratique courante ces dernières années. C’est d’ailleurs une activité commerciale très florissante ou on retrouve tout le monde, professionnel et imposteur.
Selon le ministère de la santé du Cameroun, 80% de la population se soigne en utilisant les méthodes naturelles. Grand Maitre Fakir, fait parti de cette horde de médecins naturopathes qui font les beaux jours de cette méthode de soin. Il exerce depuis pus de 40 ans et pour lui, cette pratique est réservée aux initiés.
« c’est une médecine ancestrale que nos aïeux ont utilisé quand la médecine moderne n'existait pas encore il y a beaucoup d’africains qui ont perdu leurs origines et leur médecine du fait que les parents n’ont pas eu à initier leurs enfants. Moi-même qui vous parle, j’ai été initié par mon papa qui est décédé l’an dernier à l’âge de 100 ans. Lui également a été initié par son père qui est décédé à l’âge de 104 ans, utilisant toujours la médecine traditionnelle. »
Le plus grand avantage, reste les coûts de la médication, très accessible au commun des camerounais.
Les produits utilises ne sont pas chimiques. Et selon les professionnels, ils sont sans effets secondaires.
Dr BRIAND K est spécialiste de la médecine alternative, et responsable d’un centre de santé au quartier Emana, à Yaoundé.
« je voudrais dire que beaucoup de gens ont peur des décoctions alors que dune manière générale, les gens qui sont intéressés trouvent leur compte. Parce qu’à coté de cela c’est une médecine généralement très efficace, sans effets secondaires, aucun danger pour le foie, la rate et le rein. Très souvent, les résultats sont relativement bons. »
Pour ce qui est des vertus des produits de la naturo-thérapie, on dirait qu’ils soignent presque toutes les maladies. On est proche du miracle à chaque fois. Les maladies spirituelles n’ont également pas de secret pour Grand Maître Fakir.
« Vous savez la médecine moderne ne connait pas les cas mystiques, ça ne connait pas les cas de sorcellerie. Pour quelqu’un qui est vendu par exemple dans la sorcellerie, ce n’est qu’avec la médecine traditionnelle qu’on peut le récupérer. La médecine moderne ne maîtrise pas tout cela. »
L’envers du décor n’est pas aussi rose que présentent les médecins traditionnels. Les dangers dans l’utilisation de cette méthode de soin sont nombreux.
« Il faut les règles hygiéniques parce qu’au Cameroun, la médecine traditionnelle est faite essentiellement des décoctions, donc il faut voir comment tout cela a été fait et il faut être certain que les produits marchent. »
Les soins de santé, devenus de plus en plus coûteux dans les hôpitaux, la médecine traditionnelle gagne du terrain petit à petit et se présente désormais comme la solution miracle aux nombreux maux dont souffrent les camerounais.