Il lui a été décerné par la fondation Denis et Lenora Foretia qui, comme chaque année, prime les personnalités qui se sont distingués à travers les actes qu’ils posent.
Et pour ce couple, ainsi que pour le collège de votants, l’Archevêque Émérite de Douala a fait montre d’une ferveur patriotique, pour la promotion de la paix et le respect des droits de l’Homme depuis le début de la crise sécuritaire dans les régions du Nord et du Sud Ouest Cameroun.
C’est le père Michael Tchoumbou qui a reçu le prix, au nom du Cardinal Christian Tumi, une occasion qu’il a saisi, pour remercier tous ceux qui ont porté leur choix sur le prélat camerounais : « Je veux saisir cette occasion, pour montrer ma reconnaissance, ainsi que celle de celui que je représente ici aujourd’hui. Je veux saisir cette opportunité, pour lancer un appel à tous les camerounais, qu’ils soient du Nord, du Sud, de l’Est comme de l’Ouest. Je vous invite à vous joindre à ce serviteur de Dieu, qui apparaît comme l’avocat pour la Paix, la Justice et les Droits de l’Homme dans le pays… ».
Un prélat qui suscite la méfiance
Les prises de position de cet apôtre de l’évangile, aujourd’hui âgé de 88 ans, ont parfois provoqué la méfiance aussi bien au sein de la population que de l’appareil gouvernant, peut être à cause de sa proximité, supposée ou réelle avec les ambazoniens.
C’est peut être ce qui explique qu’on ne lui a accordé jusqu’à date, l’autorisation d’organiser avec ses pairs, une conférence générale des anglophones, afin de mettre un terme à la crise sécuritaire qui secoue ces deux régions.
Ses proches affirment que c’est peut être le dernier combat de sa vie mais, il entend mener à terme, cette mission qu’il s’est assignée, tant le bilan est lourd : Plus de 1 800 civils et sécessionnistes anglophones ont été tués en plus de deux ans de conflit, tandis que 302 militaires et forces de l’ordre y ont perdu la vie. Plus de 560 000 personnes ont dû se réfugier au Nigeria voisin ou se déplacer dans d’autres régions du pays.
Des exactions qui continuent
Il ne se passe pas un seul jour, sans qu’on ne déplore la perte d’un compatriote dans ces deux régions. Un conducteur de moto taxi a été sauvagement assassiné par des individus sans foi ni lois, parce qu’il a refusé de tenir compte des journées villes mortes qu’ils ont voulu imposer. Son corps, démembré a été exposé pour pérenniser la terreur au sein d’une population qui ne demande qu’à revivre en toute quiétude dans son pays.
Une autre vidéo, a circulé dans les réseaux sociaux, créant un tollé et une désapprobation générale. Des dames, dont deux, portant leurs bébés, ont été torturées pendant longtemps, par cinq créatures armées de fusils, de bâtons et de câbles électriques, qui les accusent d’être des espionnes au services des forces de défense et de sécurité.
Les bourreaux et leurs victimes parlent pourtant le même dialecte, le Mungaka, utilisé à Bali, dans le Nord Ouest Cameroun. Sous la pression de la douleur, l’une des mamans a, par inadvertance laissé tomber son bébé qui s’est sérieusement blessé.
Bien que condamné par le Centre pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale, l’attitude de ces terroristes prouvent que malgré les actions entreprises par le gouvernement, certains sont déterminés à perpétrer le règne de la terreur, au-delà de toute logique.
Le prix Nelson Mandela, conquis par le cardinal Christian Tumi, devrait être comme cette lanterne qui éclaire les différents protagonistes mais plus encore, pour celui qui s’est donné pour mission de ramener la paix, parmi les enfants de cette grande Patrie, appelée Cameroun.
Nicole Ricci Minyem