Le deuxième groupe bancaire russe, VTB, a attribué par erreur un prêt de plus de 800 milliards de roubles (10,5 milliards d'euros) à la Centrafrique, a fait savoir la banque en réponse aux révélations de plusieurs médias.
«Il s'agissait d'une erreur technique dans le codage des pays», a affirmé la banque publique dans un communiqué. «VTB n'effectue absolument aucune opération avec la Centrafrique et nous n'avons pas d'exposition de ce volume dans ce pays», a-t-elle expliqué.
La banque réagissait à la présence d'un prêt de 802 milliards de roubles à la République centrafricaine --soit près de six fois le PIB annuel du pays-- dans un rapport financier du groupe bancaire, pointé par des médias.
La banque a ensuite publié sur son site le rapport corrigé, dans lequel le prêt initialement destiné à la Centrafrique a été rajouté au passif de Chypre --important lieu d'affaires pour les Russes-- dont le montant s'élève désormais 13,6 milliards d'euros.
«D'après nos informations, une erreur technique s'est produite», a confirmé la présidente de la banque centrale russe, Elvira Nabioullina, citée par les agences russes. La Russie a récemment investi tous azimuts en Centrafrique, une ancienne colonie française, notamment dans la formation de l'armée et la diplomatie pour parvenir à des accords de paix avec les groupes armés.
Moscou a aussi livré des armes à Bangui, après avoir obtenu une exemption à l'embargo de l'ONU. Il faut le dire, les Russes sont de plus en plus visibles dans le pays. Parmi les objectifs de Moscou, affaiblir la présence française en Afrique.
À Bangui, ils sont partout. «Les voici assurant la formation de l’armée centrafricaine (Faca), encadrant la garde présidentielle, assurant la protection rapprochée du président Faustin-Archange Touadéra. Le drapeau à bandes horizontales blanche, bleue et rouge a fleuri dans la ville tout comme un pin’s aux couleurs de la Russie et de la République centrafricaine (RCA). Dans la rue, des publicités font la promotion de leurs actions dans le pays. Ils accueillent même le président centrafricain à sa descente d’avion», commentait la-croix.com en octobre dernier.
Selon ce journal, cette évolution fulgurante a commencé en décembre 2017, lorsque Moscou a obtenu l’autorisation de l’ONU d’envoyer des armes et des instructeurs. Au début de l’année, 170 civils et cinq militaires ont débarqué.
«En juillet, ils étaient entre 300 et 400», constate Roland Marchal, du Centre d’études et de recherches internationales (Ceri). «Ce sont d’anciens militaires travaillant pour une société de sécurité et des militaires des Forces spéciales», ajoute Thierry Vircoulon, chercheur de l’Institut français de relation internationale (Ifri), de retour de RCA. Quelle société de sécurité ? La Wagner, connue pour ses mercenaires en Syrie.
Les instructeurs ne se contentent pas de rester à Bangui. Ils accompagnent les Faca dans le pays. Un bon moyen pour placer des relais à l’intérieur du pays, recueillir du renseignement, nouer des contacts. «Avec l’aide des Russes, les Faca ont pu se déployer à nouveau dans plusieurs villes», précise Thierry Vircoulon. La collaboration entre les deux pays s’est encore resserrée le 22 août, par la signature d’un accord de défense. Désormais, les Centrafricains pourront se former dans les écoles militaires russes.
La quasi-totalité de la Centrafrique vit sous la coupe de groupes armés. Ce pays de 4,5 millions d'habitants est classé parmi les plus pauvres au monde mais est riche en diamants, or et uranium.
Otric N.