Douze personnes soupçonnées d'appartenir au groupe jihadiste État islamique ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur un attentat-suicide perpétré en octobre à Tunis, a annoncé vendredi 30 novembre le ministère de l'Intérieur.
L’on se souvient encore de l’affaire Mouna. Une jeune femme de 30 ans, célibataire, était titulaire d’un master en anglais des affaires depuis trois ans. N’ayant pas trouvé d’emploi, elle vivait chez ses parents et s’occupait parfois du cheptel familial.
Vendredi, elle a averti sa mère et sa tante qui vit chez eux qu’elle comptait partir le lendemain passer quelques jours à Sousse à l’est de la Tunisie, afin de chercher du travail. Lorsqu’elle a quitté la maison tôt le samedi matin, vers 7h, un oncle Hbib Sasfi, lui a proposé de l’emmener jusqu’au bus. D’après les déclarations de ce dernier, elle a refusé, affirmant qu’elle se rendait chez le médecin à Sidi Alouane, à sept kilomètres de Zorda.
Elle est morte sur le coup, lundi en milieu de journée, lorsque la charge qu’elle transportait a explosé. 20 personnes, dont 15 policiers et deux adolescents, ont été blessées. Aucune n’a été touchée grièvement, selon les autorités.
L’attaque était la première à frapper la capitale tunisienne depuis la fin de l’année 2015. Elle n’avait pas été revendiquée mais selon les autorités, la kamikaze avait prêté allégeance à l’État islamique (EI).
Dans le cadre de l’enquête sur cet attentat, la police a arrêté 12 personnes soupçonnées d’appartenir à l’EI, a indiqué un porte-parole du ministère de l’Intérieur dans un communiqué, sans préciser où et quand les arrestations avaient eu lieu, ni les liens des suspects avec l’auteur de l’attentat.
Selon lui, la kamikaze avait eu des contacts avec des responsables de cet organisme, à l’intérieur et à l’extérieur du pays et échangé avec eux via internet. Ces derniers lui avaient montré comment fabriquer un engin explosif, et elle avait ensuite fabriqué seule celui utilisé dans l’attentat, a-t-il ajouté.
Les enquêteurs ont saisi « une grande quantité de produits explosifs et chimiques, ainsi qu’un drone », et ont « démantelé quatre cellules dormantes takfiristes (extrémistes NDLR) dans plusieurs régions », selon la même source. Un laboratoire produisant des explosifs et des composants électroniques a également été découvert à Raoued, dans la banlieue de Tunis.
Plusieurs groupes extrémistes armés sont retranchés dans des massifs montagneux de l’ouest tunisien, frontaliers de l’Algérie.
Dans un autre communiqué, le ministère a indiqué qu’une patrouille de police avait été prise pour cible jeudi soir par un groupe armé à Kasserine, ville marginalisée de l’ouest du pays, et qu’un passant avait été blessé par balles.
L’attaque a été revendiquée par l’EI sur l’agence Amaq, outil de propagande de l’organisation jihadiste. Pourtant, à l’époque, le ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati lors d’une visite sur le lieu de l’attaque, en plein cœur de la capitale avait fait cette déclaration : « C’est un acte isolé. Les services de sécurité, sur le qui-vive, sont intervenus très rapidement, une attaque artisanale ». Des sources policières avaient déjà estimé dans la soirée du lundi 29 octobre que la kamikaze ne portait vraisemblablement pas de ceinture d’explosifs, mais plutôt une bombe artisanale.
Nicole Ricci Minyem