Les rues de Lomé comme dans de nombreuses villes du pays ont été prises d’assaut par les militants de la coalition des 14 partis de l’opposition. Défiant les forces de l’ordre lors de manifestations au cours desquelles ils réclament le gel du processus pour les élections locales, référendaires et législatives programmées les 16 et 20 décembre prochain.
Très tôt le 1er décembre, plusieurs milliers de militants membres de l’opposition, sont descendus au niveau de l’axe situé entre le marché de Bè, Kpota, Anfamè et le carrefour de l’église des Assemblées de Dieu, à Lomé. Ce n’est pas l’unique point de ralliement qu’ils ont choisi. Sur le second parcours, Ils sont partis du carrefour de l’église néo-apostolique, en passant par le boulevard pavé de Bè, pour rejoindre le même carrefour de l’église des Assemblées de Dieu. Partout, les rues étaient tout aussi noires de monde.
Scandant des slogans hostiles au gouvernement, les manifestants ont déroulé une série de revendications, notamment la poursuite des réformes constitutionnelles institutionnelles - la révision du cadre électoral, y compris le droit de vote des Togolais de la diaspora - la libération des manifestants et acteurs de la société civile arrêtés dans l’exercice de leur droit constitutionnel - la levée de l’État de siège de fait des villes de Mango, Bafilo, Sokodé, Tchamba, Kara et des quartiers de Lomé…
De tous les points sus évoqués, c’est surtout l’arrêt immédiat du processus électoral, pourtant en cours qui a constitué l’essentiel de leur revendication. Ils ne font pas confiance à tout ce qui a été entrepris jusqu’à lors, pour encadrer le scrutin qui va se dérouler dans quelques jours : « C’est une mascarade qu’on nous prépare… Personne n’ira voter. Et s’ils s’entêtent, personne ne reconnaîtra les résultats… », lancent quelques manifestants dans la foule.
Face-à-face tendu
La journée de samedi a connu un regain de violence. Au quartier Bê par exemple, le face-à-face entre les forces de l’ordre et les manifestants a été soutenu, dans un climat de tension intense et au milieu des volutes de gaz lacrymogènes. Face aux jeunes survoltés, qui ont dressé des barricades, les gendarmes ont dû se replier. Certains se sont réfugiés dans des maisons voisines.
Depuis le 17 novembre, c’est la troisième fois que l’opposition descend dans la rue. La troisième fois, aussi, que manifestants et forces de l’ordre s’affrontent. Plusieurs cas de blessés ont été signalés, aussi bien dans les rangs des manifestants que des forces de l’ordre.
Malgré la débauche d’énergie constatée au sein de l’opposition, le gouvernement semble bien décidé à poursuivre le processus électoral. De source proche de la CENI, on se dit techniquement prêt à organiser les élections et le référendum du 16 décembre et les législatives du 20 décembre conformément au calendrier établi par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
De son côté, l’opposition campe également sur ses positions. Une nouvelle journée « Togo mort » a été annoncée pour le mardi 4 décembre.
Nicole Ricci Minyem