Une autre épidémie s'est déclarée depuis le mois de mai dernier, dans ce pays d'Afrique de l'Ouest et, on compte déjà 130 cas et deux décès.
Conscient des conséquences que la propagation de cette maladie peut entraîner, les autorités sanitaires mènent une campagne de démoustication et de sensibilisation dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan, où la majorité des cas ont été détectés afin de contrecarrer sa progression : « Il faut couvrir ta marchandise », conseille le Dr Diakaria Fofana, chef de service adjoint de la lutte anti vectorielle à l’Institut national de l'hygiène publique (INHP), à une vendeuse de légumes d'Abidjan, alors qu’une épaisse fumée insecticide envahit la rue pour tuer les moustiques porteurs de la dengue, maladie parfois mortelle qui fait son retour en Côte d'Ivoire.
Il précise que : « Les larves se multiplient dans les eaux stagnantes, par exemple dans les pneus usagés. Il ne faut jamais conserver de l'eau dans un seau à l'air libre chez soi, et jeter régulièrement l'eau des soucoupes des plantes vertes ».
Cet anthropologue médical supervise l’une des équipes chargées de pulvériser un produit larvicide dans les eaux stagnantes de la ville, un travail de Sisyphe dans une agglomération de cinq millions d'habitants, surtout en pleine saison des pluies.
Sans vaccin disponible en Côte d’Ivoire et en l’absence de traitement spécifique contre la dengue, responsable de milliers de décès par an dans le monde, principalement chez les enfants, « le seul moyen de lutte efficace, c’est la lutte contre le moustique », explique le médecin.
Le mode de transmission de la dengue est similaire à celui du paludisme : « des femelles moustiques s’infectent en piquant une personne porteuse du virus, qu’elles inoculent ensuite à d'autres humains. Dans la grande majorité des cas, la dengue reste silencieuse, mais les patients asymptomatiques peuvent quand même infecter les moustiques qui les piquent, participant ainsi au cycle de contamination ».
En Côte d'Ivoire, où le paludisme représente un tiers des consultations médicales, les populations, dans leur grande majorité ont recours à l’automédication lorsqu’ils ressentent les symptômes dont ils ont l’habitude (fièvre, nausées, courbatures, vomissements). Ce qui ne leur garantit pas une des traitements efficaces : « C’est un véritable problème, car les symptômes du paludisme, de la dengue, de la typhoïde ou la fièvre jaune sont similaires. Il faut absolument faire un examen de sang », relève le Dr Fofana, expliquant que des médicaments non adaptés peuvent aggraver la situation.
« Il existe un vaccin contre la dengue, mais la Côte d’Ivoire n’en dispose pas pour l’instant car, il présente beaucoup d’effets secondaires, il est cher et ne prend pas en compte les quatre types de dengue », selon le professeur Joseph Vroh Benié Bi, directeur de l'INHP.
Développé par le groupe pharmaceutique français Sanofi Pasteur et approuvé dès fin 2015 dans plusieurs pays d’Amérique latine et d’Asie, le premier vaccin contre la dengue (Dengvaxia) est de plus soupçonné d’être à l’origine du décès d’une dizaine d’enfants. Le gouvernement philippin a engagé en mars des poursuites contre le laboratoire.
La moitié de la population mondiale est aujourd'hui exposée au risque de la dengue, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), principalement dans les régions tropicales et subtropicales ainsi que dans les zones urbaines et semi-urbaines.
L’OMS estime à 50 millions, le nombre de cas annuels, dont 500.000 souffrent de dengue hémorragique, mortels dans 2,5% des cas.
Une étude menée par cet organisme prouve que la dengue est moins meurtrière que le paludisme, qui a entraîné 435.000 décès en 2017 dans le monde. Elle progresse et a touché l'Europe où les deux premiers cas ont été recensés en 2010. Ainsi en France, le moustique vecteur est implanté dans 18 départements français sur 101, selon l’Institut Pasteur.
Nicole Ricci Minyem