L'opposant malheureux à la présidentielle du 30 décembre 2018 en République démocratique du Congo (RDC), Martin Fayulu, est apparu devant des milliers de partisans samedi à Kinshasa lors d'un meeting test après sa défaite électorale et son message était clair
« La main tendue, on la prend quand c’est propre. Quand ce n’est pas propre, on la prend pas », a lancé Martin Fayulu devant une foule électrisée. Ses partisans n’hésitaient pas à réclamer les armes pour « arracher la victoire volée », selon elle par Félix Tshisekedi avec l’appui du président sortant Joseph Kabila.
Avant quelques pas de danse aux rythmes de sa chanson de campagne préférée, Martin Fayulu – entouré de plusieurs figures de sa coalition dont Pierre Lumbi, Lisanga Bonganga et Fidèle Babala – a appelé à une résistance pacifique contre le régime en place : « Je vous appelle à la résistance pacifique. Organisez-vous dans des quartiers, districts, provinces pour résister. De temps en temps nous viendrons participer aux actions politiques. J’irai dans les différentes provinces. On ne peut pas bâtir la nation sur la base de mensonges. Nous devons exiger la vérité des urnes. Nous irons jusqu’au bout dans cette recherche de la vérité », a déclaré Martin Fayulu.
Chansons incitant à la haine
Le rassemblement convoqué par Martin Fayulu est le premier autorisé depuis que Félix Tshisekedi a été investi président. Les organisateurs du meeting ont appelé leurs militants à la « désobéissance civile, ce qui a fortement troublé l’ordre public dans la partie est de Kinshasa », a regretté le chef de la police de Kinshasa, le général Sylvano Kasongo Kitenge.
Déployée dans les encablures de Sainte-Thérèse pendant le meeting, la police a « subi des insultes et provocations des militants qui entonnaient des chansons incitant à la haine ethnique en proférant des insultes contre les autorités de la République légalement établies », selon Kasongo.
« La décision de la Cour n’est pas la fin de l’histoire »
Martin Fayulu compte saisir l’Union africaine (UA) à l’occasion de la 34ème session ordinaire du conseil exécutif prévue la semaine prochaine à Addis-Abeba en Éthiopie : « Nous demandons à l’UA de ne pas tenir compte de l’arrêt de la Cour constitutionnelle. Que personne ne vous trompe, la décision de la Cour n’est pas la fin de l’histoire », a-t-il poursuivi n’excluant pas la possibilité de saisir l’Organisation des Nations Unies.
La Cour constitutionnelle a finalement rejeté le recours de Martin Fayulu avant de proclamer la victoire de Félix Tshisekedi. À la communauté internationale, l’opposant a demandé de « ne pas accepter le gouvernement nommé par Monsieur Kabila ».
Nicole Ricci Minyem