Les avis divergents des membres de la famille de l’un des héros de l’indépendance en RDC sont sur la place publique et divisent l’opinion nationale. Selon Jean -Jacques Lumumba, petit neveu de cette figure emblématique, cette élection est une « parodie », qui ne mérite pas qu’on s’y attarde. Son oncle Roland Lumumba quant à lui, partage un avis contraire et entend se rallier au Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila et appelle à voter pour son candidat, Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin du président sortant.
D’après nos confrères de RFI, le fils de Lumumba qui est un avocat de renommée internationale a publié un communiqué dans lequel il entend apporter sa caution politique à ce candidat et dans cet élan, il a demandé à toutes les forces de gauche de s’aligner derrière la coalition au pouvoir.
Une prise de position qui n’a pas été appréciée par l’ancien cadre de la BGFI Bank RDC, Jean Jacques Lumumba, qui continue d’attaquer le régime depuis son exil en France. Son avis a été donné lors de son passage dans un média français, en réaction au soutien du Parti lumumbiste unifié (Palu, parti d’Antoine Gizenga, qui fut ministre de Patrice Lumumba).
Roland François Lumumba est lui aussi sur une ligne d’opposition. Dans les colonnes de Jeune Afrique, il marque clairement son antagonisme vis-à-vis du régime de Joseph Désisté Kabila, qui d’après lui a sombré dans la dictature et la corruption. Président d’une petite formation politique, le Mouvement national congolais – Lumumba (MNC/L), il appelle à boycotter les élections du 23 décembre pour ne pas cautionner indirectement ce régime parce que ces élections sont jouées d’avance, le régime étant juge et partie.
C’est pratiquement la même ambiance que l’on vit avec les autres membres de cette illustre famille. Patrice Emery Olengha, un des petits cousins du héros de l’indépendance, est pour sa part secrétaire général d’Ensemble changeons le Congo (Ecco), le parti d’Adam Bombole, membre de la coalition de l’opposant Moïse Katumbi.
L’aînée de la fratrie, Juliana Lumumba, garde pour sa part le silence pour l’instant. Ces désaccords provoquent des débats animés, au sein de la famille, notamment dans leur mythique résidence du boulevard du 30 juin, à Kinshasa. Mais pas de véritable fâcherie à ce stade.
C’est le 19 septembre dernier que la Commission électorale nationale, la Ceni a rendu public, la liste définitive des candidats admis pour succéder au président Kabila. Une liste dans laquelle manquaient les noms de ceux qui ont été longtemps présentés comme des poids lourds de l’opposition dans ce pays : Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi, exclus de la course.
La phase préparatoire de cette élection présidentielle dure depuis bientôt trois ans et, l’on craint toujours des débordements et même comme une mise en place des germes des crises postélectorales. C’est le 22 novembre prochain que la campagne électorale sera lancée, même comme les polémiques persistent autour de l'usage de la machine à voter – et du fichier électoral.
Nicole Ricci Minyem