L’ancien président de la République française s’est éteint ce matin en France. Il aura laissé une empreinte particulière dans la vie politique française, de même que dans ses rapports avec le Chef de l’Etat Camerounais Paul BIYA.
Paul BIYA vient de perdre un grand ami. Jacques Chirac c’est 40 ans de vie politique sans discontinuité. Une vie politique qui l’aura amené à travailler avec le Chef de l’Etat camerounais, même si les débuts n’étaient pas très faciles du fait du mauvais casting fait par Paul Biya à la veille de la présidentielle de 1995.
En effet, lors de cette élection, le Président camerounais avait choisi l’adversaire de Chirac parmi les deux présentés par la droite française. Notamment Edouard Balladur. Paul Biya aurait alors prit fait et cause pour le second, et financé sa campagne, comme il est de coutume dans la Françafrique. Au lendemain de son élection, Jacques Chirac, reconnu rancunier et tenace, a eu la dent dure contre le Président Camerounais. C’est alors que les rapports seront très tendus entre les deux hommes au début de son mandat. D’aucuns voient alors poindre à l’horizon la fin du règne de Paul Biya, du fait de l’alternance en France. Ce d’autant plus qu’on est dans la dernière ligne droite pour la présidentielle d’octobre 1997 au Cameroun. Pour arranger la situation, Paul Biya se rapproche d’Omar Bongo, qui a l’oreille bien sensible de Chirac, et surtout d’Alain Juppé qui est alors le Premier ministre bien aimé du président français. Les choses ne tarderont pas à s’arranger. Et quelques temps plus tard, Paul BIYA et Jacques Chirac commenceront à marcher la main dans la main pour le bien de la françafrique. Tout se passera bien, et Paul BIYA sera réélu en 1997 sans grand soucis.
1999, visite de Jacques Chirac à Yaoundé
Une fois l’orage des « premiers jours » passée, Chirac « l’Africain » va commencer à apprécier Paul Biya, qui l’intrigue d’autant plus. En 1999, l’on assiste alors à ce qui est présenté par le pouvoir de Yaoundé comme une « victoire sur les mauvaises langues », avec une visite au Cameroun en juillet du Président Chirac. Celle-ci, censée illustrer « la qualité excellente de l’amitié et des relations entre les deux Nations » va être interrompue le 19 par le décès d’Hassan II du Maroc. Chirac promettra de venir l’achever. Promesse tenue lorsqu’en marge du sommet « Afrique-France » -nouvelle désignation- qui se tient à Yaoundé en janvier 2001, il en profite pour faire une visite officielle, avec une escapade dans la ville de Garoua, où il n’avait pas pu se rendre deux ans plus tôt. Jacques Chirac, qui est de la même génération que Paul Biya, car né en 1932, va alors entretenir de bonnes relations avec son homologue camerounais, dont il ne pourra jamais saisir la complexité de la personnalité, jusqu’à son départ de l’Elysée en 2007.
Son parcours politique, né en 1932 à Paris, il devient à 35ans député de la 3e circonscription de Corrèze, une fonction qu’il occupe pendant 17 ans. Il sera dans la suite Président du conseil général de la Corrèze. En 1974, il sera ministre de Georges Pompidou, d’abord avec le portefeuille des Relations avec le Parlement, puis à l’Agriculture. La même année, il devient Premier Ministre du président Valery Giscard d’Estaing. Il démissionne de la fonction de Premier Ministre deux ans plus tard pour créer le RPR, le Rassemblement pour la République, dont il sera président jusqu’en 1994.
1986, Premier Ministre de François Mitterand ; 1995, Maire de Paris ; 1995 à 2007 Président de la République. Il décède ce matin à Paris à l’âge de 86 ans.
Stéphane NZESSEU