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Nécrologie - Algérie : L’ex-président Abdelaziz Bouteflika est décédé

samedi, 18 septembre 2021 11:11 Nicole Ricci Minyem

L’ancien président Algérien Abdelaziz Bouteflika, chassé du pouvoir en 2019 après des manifestations massives contre sa volonté de briguer un nouveau mandat, s’est éteint ce vendredi à l’âge de 84 ans. 

L’information a été rendue publique quelques heures plus tard, par la   télévision publique de son pays à travers un bandeau déroulant: Ce dernier reprenait en substance, le communiqué de la présidence de la République d’Algérie :  « Décès de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika...».

L’information a été reprise par la chaîne privée El Hayet TV: “Abdelaziz Bouteflika est décédé à 22h00 à son lieu de résidence... ». 

Depuis sa chute spectaculaire en avril 2919, sous la pression de l’armée et de la rue, Abdelaziz Bouteflika était resté retranché dans la solitude, à l’intérieur de sa résidence médicalisée de Zeralda, à l’ouest d’Alger. Une chute inéluctable, après des semaines de manifestations massives contre sa volonté de briguer un cinquième quinquennat, après 20 ans au pouvoir, malgré sa maladie.

 

Accident vasculaire cérébral en 2013

Omniprésent dans la vie politique algérienne durant des décennies, mais devenu quasi-invisible depuis un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, Abdelaziz Bouteflika n’avait donné aucun signe de vie depuis que le mouvement de contestation populaire du « Hirak » et l’armée l’ont contraint à la démission.

Ce jour-là, il était apparu pour la dernière fois à la télévision pour annoncer qu’il jetait l’éponge. Il avait officiellement fait parler de lui pour la dernière fois lorsque son frère Nacer avait voté par procuration en son nom, dans le cadre de l’élection présidentielle du 12 décembre 2019; Une élection qui a permis à son successeur, le président Abdelamadjid Tebboune de trôner à la tête de l’Algérie. 

 

Qui était Abdelaziz Bouteflika ?

Le défunt président algérien est né  le 2 mars 1937 à Oujda dans une modeste famille algérienne. En 1956, alors âgé de 19 ans, il répond à l’appel du Front de libération nationale (FLN) et rejoint sa branche armée, l'Armée de libération nationale (ALN). De son passage dans les maquis, il gardera le surnom de "Marocain". Il y fait la connaissance de Houari Boumediene – futur président de l’Algérie indépendante, dont il sera bientôt considéré comme le bras droit.

En 1962, année de l’indépendance de son pays, il est nommé ministre de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme, puis ministre des Affaires étrangères. Il a alors 26 ans. 

 

Sa carrière

A la mort du président Boumediene, en 1979, une guerre de succession fait rage. Fort du soutien de l’armée, Chadli Bendjedid devient président et Bouteflika se contente du poste de ministre d'État.

Cependant, il est peu à peu écarté de la scène politique par l’armée. Traduit devant le conseil de discipline du FLN après avoir été poursuivi par la Cour des comptes pour sa gestion aux Affaires étrangères, il choisit l'exil aux Émirats arabes unis, en Suisse et en France.

Après une traversée du désert de six ans, il rentre en Algérie en 1987, où il devient, deux ans plus tard, membre du Comité central du FLN. En 1999, Bouteflika est élu pour la première fois à la présidence, avec cette fois le soutien de l'armée, un mandat qui deviendra finalement le plus long de l’histoire algérienne.

L’Algérie est alors endeuillée par près d’une décennie de guerre civile. Bouteflika promet de mettre fin, par le biais d’un état d’urgence, à l'insurrection islamiste déclenchée en 1991 et se fait l’artisan de la réconciliation nationale.

La loi sur la Concorde civile, qui offre l’amnistie à quelque 6 000 combattants de l’Armée islamique du salut (AIS), entre en vigueur début 2000. Elle devient la "Charte pour la paix et la réconciliation nationale" après un référendum en 2005.

Cependant, le processus de réconciliation ne se fait pas sans heurt : “certains dénoncent un trop grand laxisme envers les islamistes, d’autres n’y voient qu’une stratégie politique de Bouteflika pour se maintenir au pouvoir. Je ne renoncerai pas à la réconciliation nationale, quel que soit le prix à payer", persiste-t-il à déclarer en 2007.

Au début des années 2000, l’armée réprime de violentes émeutes en Kabylie. Malgré cela, il est réélu dès le premier tour en 2004, avec près de 84 % des voix.

Trois des cinq autres candidats dénoncent une fraude "à tous les niveaux". Dès le début de son deuxième mandat, Bouteflika ordonne l’arrestation du directeur du quotidien Le Matin pour la publication de "Bouteflika, histoire d'une imposture".

Mohamed Benchicou y dresse le portrait d'un président "défaillant et sans envergure, intrigant, coupé de son époque, inapte à l'écoute, dépassé par ses charges".

En octobre 2008, le Parlement adopte à une écrasante majorité une réforme constitutionnelle qui supprime la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Ce vote ouvre la voie à un troisième mandat de Bouteflika, réélu avec plus de 90 % des voix le 10 avril 2009.

Durant les mandats de Bouteflika, les inégalités et la pauvreté atteignent des niveaux record. Une situation à l’origine du vent de révolte qui souffle dans le pays, en 2011, dans le sillage des Printemps arabes.

Aux prises avec l’insatisfaction collective, Bouteflika décide alors de lâcher du lest en procédant à une série de réformes. Il lève notamment l’état d’urgence, en vigueur depuis 19 ans, qui élargissait les pouvoirs des militaires au détriment des libertés politiques et individuelles.

Victime d’un AVC en 2013, le président algérien décide pourtant de briguer un nouveau mandat. Il est réélu triomphalement le 17 avril 2014, à 77 ans, avec 81,53 % des voix.

Son quatrième mandat est marqué, à l’automne 2015, par un coup de balai au sein du pouvoir algérien avec le limogeage du général Mohamed Médiène, alias Toufik, chef du département du Renseignement et de la sécurité (DRS), ou encore du procureur général de la Cour d'Alger Belkacem Zeghmati.

Quelques semaines plus tard et pour la première fois, des proches du président Abdelaziz Bouteflika remettent publiquement en cause les capacités du président à diriger le pays. Dans une lettre rendue publique en novembre 2015, 19 personnalités demandent ainsi à rencontrer le chef de l’État.

 

N.R.M

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