Près de 70 personnes ont été interpellées dans la seule ville de Paris, d’après le premier bilan de la préfecture
La tombée de la nuit n’a pas refroidi l’ardeur des manifestants. Tard dans la nuit, les incidents se sont poursuivis une bonne partie de la soirée aux abords des Champs-Elysées. Un acte peut être moins mobilisateurs mais, qui a connu autant de violence que ce qui s’est passé dans la journée, suscitant des échauffourées et les interpellations condamnées par le président de la république Emmanuel Macron.
Au niveau de la préfecture, le ministère de l’intérieur Christophe Castaner dit qu’il a été recensé quelques 200 000 gilets jaunes dans tout le pays, dont 8.000 à Paris, contre plusieurs centaines 282.710 dans le reste de la France. Il parle d’un « fort affaiblissement de la mobilisation… Il y a eu au total 130 personnes placées en garde à vue et à Paris, 69 personnes ont été interpellées… ».
A Paris, « les dégâts sont faibles, ils sont matériels, c’est l’essentiel », a par ailleurs estimé Christophe Castaner. Quelques commerces ont également été dégradés, selon la PP. Au niveau national, le ministre a noté « deux types de manifestants : ceux, en province qui se sont mobilisés dans une ambiance bon enfant et ceux ayant commis des actes graves à Paris, mais aussi à Villefranche-sur-Saône (Rhône), où des violences ont eu lieu… ».
Gaz lacrymogènes et canons à eau face aux manifestants
C’est sur l’avenue des Champs-Elysées, dont une partie était interdite de rassemblement par les autorités, que les incidents ont été les plus marquants. Dans la matinée, à l’appel des leaders informels de cette mobilisation, qui se revendique « populaire » et « apolitique », les manifestants, originaires de région parisienne ou de province, avaient convergé tranquillement vers le haut de la célèbre avenue, le bas de celle-ci (la Concorde et l’Elysée) étant protégé par un important dispositif de sécurité.
Quand la foule a tenté de pénétrer dans ce périmètre, les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes et repoussé les « gilets jaunes » avec des canons à eau. La situation s’est alors tendue : barricades de barrières de chantier dressées par des manifestants, jets de projectiles et de pavés par des petits groupes, feux tricolores arrachés, panneaux de signalisations couchés, échauffourées…
Les incidents n’ont dès lors plus cessé sur les Champs-Elysées et dans les rues adjacentes. Des pompiers sont intervenus pour éteindre des feux de barricades, qui dégageaient d’épaisses fumées noires, s’ajoutant au brouillard blanc des gaz lacrymogènes.
« On n’est pas là pour casser du flic mais pour que le gouvernement nous entende »
Jusque vers 21h la tension est restée vive sur l’avenue et aux alentours. Après minuit, le calme est revenu. La circulation a rouvert, en partie, sur l’avenue, d’abord en haut, malgré la présence de barricades, certaines encore fumantes, puis en bas. Une dizaine de camions de la propreté de Paris étaient prêts à nettoyer l’avenue, tandis que des pelleteuses enlevaient les barricades au milieu. Les forces de l’ordre étaient encore présentes, principalement en bas.
Christophe Castaner a diffusé sur Twitter une vidéo où on le voit sur le terrain dans la soirée saluer les forces de l’ordre et leur dire « merci ».
Au Champs-de-Mars, seul endroit initialement autorisé par la préfecture, une centaine de « gilets jaunes » se sont rassemblés. A part un noyau dur de manifestants, d’autres se voulaient plus pacifiques : « On n’est pas là pour casser du flic, on est venu pour que le gouvernement nous entende, qu’il entende son peuple. Ici on ne veut pas de politique, pas de syndicat. Nous dénonçons la violence des pseudo manifestants », a déclaré à l’AFP Laetitia Dewalle, 37 ans, porte-parole des « gilets jaunes » à Pontoise.
Nicole Ricci Minyem