Le décès du chef jihadiste a été annoncé ce weekend par les autorités françaises et maliennes à l'issue d'une opération militaire conjointe.
Pour eux, il s’agit « d’un succès significatif de la lutte contre les groupes armés dans le centre du Mali où se concentre l'essentiel des violences qui déchirent le pays… ». Le Général Abdoulaye Cissé indique qu’il a succombé à ses blessures : "Après l'opération militaire des armées malienne et française, le terroriste Koufa était gravement blessé. Il a été transporté par ses proches, avant de décéder après". La nouvelle a aussi été publiée sur la page Facebook des forces armées du Mali.
Cette opération coordonnée a permis de neutraliser une trentaine d’autres terroristes dont Djourétou, le chef de base Bobala, le chef des opérations. Dans son propre communiqué, l'armée française avait annoncé au même moment avoir mené dans la nuit de jeudi à vendredi une opération dans le centre du Mali qui avait permis la "mise hors de combat" d'une "trentaine de terroristes".
La ministre française des Armées Florence Parly a célébré « une action d’ampleur, complexe et audacieuse qui a permis de neutraliser un important détachement terroriste au sein duquel se trouvait probablement l'un des principaux adjoints de Iyad ag Ghali, Amadou Koufa, chef de la katiba Macina ».
Cette opération représente un coup dur pour les jihadistes, estiment des analystes.
Pour ses partisans, «Il n'est pas seulement un important chef militaire mais plutôt un messager. Le GSIM qui, lorsqu’il parlait, ne s’adressait pas seulement aux maliens ou alors à ceux qui ont cru en lui. Ce qui lui a conféré une certaine légitimité. C'était l'ancrage du GSIM dans la région» a t- on entendu dans les antennes de RFI depuis la confirmation de son décès.
Depuis l'apparition du groupe de Koufa, les violences inter communautaires se sont multipliées dans le centre du pays, opposant notamment les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l'agriculture. Ces violences ont fait plus de 500 morts civils depuis le début de l'année, selon l'ONU.
C’est en 2015 qu’on entend pour la première fois parler de Amadou Koufa, un prédicateur radical malien, à qui on attribue des actes de violences mêlés à des conflits inter communautaires, ayant entraîné plusieurs centaines de morts. Il était apparu aux côtés de l'ex-chef rebelle touareg malien Iyad Ag Ghaly, chef du GSIM, et l'Algérien Djamel Okacha dit Yahia Aboul Hammam, dirigeant d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans une vidéo diffusée le 8 novembre. Amadou Koufa y invitait les musulmans en général à "faire le jihad", avant de s'adresser en particulier aux membres de l'ethnie peule.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, en grande partie dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France. Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes, dont l'application accumule les retards.
Nicole Ricci Minyem