Ils ont mené avec un certain acharnement le combat pour leur droit de vote. Comme d’ailleurs, actuellement avec la double nationalité. A l’heure du bilan, seuls 13076 inscrits sur plus de cinq millions.
D’après Elections Cameroon (Elecam), la présidentielle du 07 octobre 2018 va se dérouler dans 31 pays d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe. 56 bureaux de vote sont en cours d’aménagement pour accueillir les 13 076 Camerounais de l’étranger inscrits sur les listes
électorales et appelés à voter le du 07 octobre. Avec 10 123 inscrits, l’Afrique regroupe les
¾ de l’électorat de la diaspora et le Gabon est le pays où se trouve le plus grand nombre d’électeurs camerounais à l’étranger avec 3530 inscrits.
Sur la liste des pays abritant les Camerounais qui iront aux urnes, on note l’absence des
pays comme les Etats-Unis où la diaspora camerounaise est l’une des plus nombreuses. Avec 6676 inscriptions contre 3447 inscrits pour les hommes, les femmes sont les plus engagées dans ce processus électoral de la diaspora camerounaise.
Dans l’opinion, le débat s’est rapidement enflammé sur les logiques de la diaspora camerounaise. Dans les réseaux sociaux où il fait rage, l’on note que certains parlent non pas de la diaspora, mais des diasporas Ils préfèrent d’ailleurs qu’on parle «simplement des
Camerounais de l’étranger» à qui ils dressent différents profils.
A l’intérieur du pays, on ne comprend pas comment et pourquoi après le long combat qu’ils ont mené allant jusqu’à solliciter certaines puissances et organisations internationales, le Commonwealth, de la Francophonie. «A quoi leur a donc servi le lobbying qui a consisté à parcourir le monde entier au risque de montrer aux yeux de l’opinion internationale que le Cameroun n’était pas une démocratie? Nos compatriotes de l’étranger ne cessent de nous surprendre», déplore Aude Mbegde d’Elections Cameroon.
De son côté, l’internaute Elie Songue s’insurge contre la propension qu’ont «les compatriotes de la diaspora, de donner des avis généralement erronés surtout de qui se fait sur place au Cameroun». Elle est sûre que «si les chiffres actuellement communiqués par Elecam étaient ceux des Camerounais inscrits à l’intérieur du pays, ce serait un grand
large aussi bien dans les réseaux sociaux que dans les médias. Voilà des gens qui avaient besoin du droit de vote. Ils l’on obtenu. Et refusent de s’en servir. C’est dire s’ils ont d’autres visées. Cela peut donner à réfléchir. C’est une autre manœuvre de déstabilisation du Cameroun.
Après on dira qu’on est des apôtres de la victimisation». Cette position d’Elie Songue est largement partagée par les internautes qui partagent notamment sur Facebook. Ce à quoi les compatriotes de la diaspora répondent par «la réalité est toute autre». Maurice Nguepe qui a par exemple publié un article à ce propos sur le site ici cemac, le 16 août 2018, convoque la ruse d’Elecam qui aurait catégorisé les Camerounais. Refusant d’inscrire
certains au profit des autres.
«En fait, les deux premiers cas qui frappent les esprits sont ceux de l’Allemagne et du Canada dont les listes font mention de 91 et de 44 inscrits respectivement, alors même que la diaspora camerounaise d’Allemagne s’évalue à 25 000 personnes et celle du Canada à près de 10 000. Sur l’ensemble des pays mentionnés sur ces listes d’Elecam du 14 août, la même proportionnalité s’observe».
Pour Maurice Nguepe cette situation ne peut s’expliquer par des velléités de fraudes.
«Qu’est-ce qui explique, si ce n’est la volonté de frauder et de maintenir en place le système dictatorial, qu’est-ce qui explique qu’Elecam, organe chargé de surveiller le processus de l’élection présidentielle, n’ait inscrit que 91 Camerounais sur 25.000 qui résident en Allemagne, et seulement 44 sur les 10.000 qui résident au Canada?», s’interroge-t-il.
Pour les Camerounais de l’étranger, «refuser de les inscrire sur les listes électorales n’est pas seulement une tentative de fraude. C’est de la fraude électorale dans sa pureté.
D’autres affirment d’ailleurs que les 44 inscrits sur la dizaine de milliers de Camerounais résidant au Canada représentent le nombre des irréductibles partisans du régime Rdpc, l’intention étant de proclamer, avec 100% des 44 inscrits, la diaspora canadienne acquise au régime, alors même qu’elle a été totalement exclue du processus électoral.
Refuser la double nationalité aux Camerounais de la diaspora et les exclure de la participation à l’élection présidentielle à travers la non-inscription de leurs noms sur les listes électorales, et ce, en violation de la loi électorale, c’est porter atteinte à un droit fondamental du citoyen: le droit de vote».
Des arguments jugés totalement faux par Elecam qui soutient avoir organisé des missions dans les différents pays pour, non seulement le lancement des opérations d’inscription, mais aussi la planification et la sensibilisation de cette importante phase du processus électoral.