Les français du service public comme du privé sont dans les rues depuis hier matin. Ils protestent contre le régime universel des retraites proposé par le gouvernement français. Un régime qui devrait balayer les 42 régimes actuellement en vigueur.
La mobilisation est impressionnante. Ils sont des millions de citoyens à s’être déversés dans les rues de toute la France pour protester contre la réforme de Emmanuel Macron. Ils sont Cheminots, avocats, enseignants, personnels hospitaliers, salariés du privé, étudiants qui se sont donné rendez-vous dans les rues, pancartes à la main pour dire leur désarroi. Cette réforme, que le gouvernement présente comme universelle et donc, qui concerne tout le monde, touche de nombreux points sensibles sur lesquels se cristallisent les tensions. A l’instar de l’âge pivot, les régimes spéciaux, les égalités Hommes-Femmes, et des éléments paramétriques.
L’âge pivot désigne l’âge à partir duquel un salarié pourra bénéficier du maximum de ses droits à la retraite. Dans l’esprit de la réforme, « l’âge pivot » arrive plus tard que « l’âge légal » du départ, fixé à 62 ans. L’objectif du gouvernement est de permettre à un salarié de cotiser au-delà de l’âge légal s’il estime qu’en l’état, sa retraite ne lui convient pas ou est insuffisante.
Mettre fin aux 42 régimes spéciaux pour aboutir à un système universel dans lequel un euro cotisé rapportera les mêmes droits, quel que soit le secteur professionnel. Ce qui n’est aujourd’hui pas le cas, plusieurs catégories bénéficiant de leurs propres systèmes de retraites, et donc de leurs propres règles, comme la SNCF, ou la RATP, qui bénéficient de départs anticipés en raison de conditions de travail difficiles. Et ce sont des avantages que ces travailleurs ne sont pas prêts à délaisser. Ils choisissent de se battre contre le gouvernement pour le maintien de ces avantages particuliers.
Il faut rappeler qu’à l’origine, la réforme telle que présentée par Emmanuel Macron a été pensée comme une réforme « systémique ». L’objectif est unique : remettre à plat le système actuel des retraites pour l’uniformiser. Mais, après la publication fin novembre d’un rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) s’alarmant du déficit, estimé entre 7,9 milliards et 17,2 milliards en 2025, a changé la donne et incité l’exécutif à réfléchir à des mesures « paramétriques » visant à améliorer la situation. Ce que souhaite par ailleurs le Medef, qui évoque la « nécessité impérieuse de faire une réforme paramétrique ». Et par réforme paramétrique, l’organisation patronale entend un allongement de la durée de cotisation, une augmentation des cotisations ou une baisse des pensions pour financer le système. En somme, il sera question de cotiser plus, mais de gagner moins en terme de pension. Tout simplement parce que le surplus des cotisations va permettre de renflouer les caisses du système. Et ça, les français ne le comprennent pas, ni ne l’acceptent.
Stéphane NZESSEU