L’ancien Président Ghanéen vient de s’éteindre à l’âge de 73 ans à Accra.
La nouvelle est tombée ce matin du jeudi 12 novembre 2020. L’ancien président du Ghana Jerry John Rawlins est décédé à l’hôpital universitaire Korle-Bu d’Accra, où il avait été admis une semaine auparavant, selon plusieurs médias ghanéens. Il avait dirigé le Ghana de 1981 à 2001.
Jerry Rawlins est né à Accra d’une mère ewe et d’un père écossais. Il se fait remarquer très tôt pour son franc-parler et son envie de révolte. Jeune homme doué et brillant, il s’engage dans l’armée de l’air et obtient, en quelques années, le grade de flight lieutenant (l’équivalent du rang de capitaine dans l’armée de terre).
Une fois au sein de l’armée, et du fait de son franc parler et de sa passion pour son pays, il va prendre les armes aux côtés d’autres soldats pour perpétrer son premier coup d’Etat militaire en Mai 1979. Une tentative qui va se solder par un échec. Il sera arrêté puis traduit devant la cour martiale où il décide de se défendre tout seul. Quelques semaines plus tard, il sera libéré par un groupe d’officiers qui croient en son projet et en sa vision pour le Ghana. Ceux-ci aussi rêvent d’en découdre avec le régime en place, celui de Fred Akuffo. Un régime qui se caractérise par la corruption ambiante qui règne dans le pays. Le mois suivant, au mois de juin de l’année 1979, ils parviennent à leurs fins et prennent le pouvoir au Ghana.
Dès qu’il prend les rênes du Ghana, c’est la grande transformation. Il travaille rapidement à rendre le pouvoir aux civils. Ce qu’il fait au travers de l’organisation des élections générales. Et trois mois plus tard, Rawlings s’efface pour céder la place à Hilla Limann, tout juste élu président. Jerry Rawlings a à peine plus de trente ans et il est déjà très populaire au Ghana. Mais il ne restera pas longtemps dans l’ombre. Écœuré par le régime d’Hilla Limann, dont il fustige la corruption et la mauvaise gouvernance, Rawlings reprend les armes en décembre 1981. Il renverse Limann, prend la direction du Conseil provisoire de la défense nationale et s’installe durablement au pouvoir.
Jerry Rawlins va diriger son pays de 1981 à 1992 sous la casquette de militaire. Mais toujours avec le désir d’inscrire le Ghana dans la modernité. En 1992, poussé par la communauté internationale et les mouvements d’opposition dans son pays, il va démissionner de l’armée en 1992 pour créer un parti politique : le National Democratic Congress (NDC). Ses actes parlent pour lui et il est démocratiquement élu cette même année lors des élections générales. Il est réélu quatre ans plus tard (1996) pour un second mandat. En 2000, la Constitution lui interdisant de briguer un nouveau mandat, Rawlings appuie la candidature de son vice-président, John Atta-Mills. Ce dernier échouera à s’imposer face à John Kufuor, mais Rawlings restera l’homme qui a tenu sa promesse et accepté de tirer sa révérence, avec beaucoup d’élégance.
Même après son départ de la tête du pays, Rawlings va conserver un agenda chargé, voyageant à travers le continent et jusqu’aux États-Unis ou en Europe, pour participer à nombre de conférences. L’ami de Thomas Sankara sera de toutes les luttes pour la liberté et la démocratie sur le continent. Il va participer à plusieurs médiations dans les conflits qui minent certains Etats du continent. Il est resté une personnalité politique très respectée. Il entre pour toujours dans l’histoire des héros de l’Afrique.
Stéphane NZESSEU