Manassé Aboya Endong, Professeur titulaire de science politique, note déjà que la controverse naît des multiplications interprétations faites du Code général des collectivités territoriales décentralisées.
Sans nul doute, le Code général des collectivités territoriales décentralisées fait partie des textes qui font couler beaucoup d’encre et de salive. Il met en désaccord les parlementaires. A l’Assemblée nationale il y a eu 12 voix contre son adoption et 95 favorable à sa validation. Même dans la rue, le projet de loi divise. Les incompréhensions naissent surtout de la question de l’autochtonie. En sa qualité de Professeur titulaire de science politique, Directeur exécutif du Groupe de recherches sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique (GREPDA), affirme que la controverse n’a vraiment pas lieu d’être. Elle est manifestement sans objet.
« Le maire de la ville est une autorité qui, mutatis mutandis, remplace le délégué du gouvernement es qualité. Or, la trajectoire historique de cette institution renseigne sur le fait que, dans la pratique, l’accès à cette fonction a généralement été réservé à une personnalité autochtone. Mais, contrairement à ce qui s’est pratiqué jusqu’ici en rapport avec le mode d’accès à cette fonction, le maire de la ville « est élu par un collège constitué de l’ensemble des conseillers municipaux des Communes d’arrondissement de la ville ». C’est une disposition qui s’inscrit dans une certaine continuité, dans la mesure où elle continue de garantir les droits des peuples autochtones qui, du fait d’un rapport sacré et séculaire au « terroir », revendiquent à juste titre des droits susceptibles de les protéger contre les effets pervers du cosmopolitisme dans lequel s’inscrivent nolens volens les grandes villes du Cameroun », explique-t-il. dans une interview accordée au quotidien gouvernemental Cameroon tribune.
Certaines personnes pensent qu’en cherchant à tout prix à protéger les communautés autochtones, on pourrait se retrouver en train d’exacerber les dérives tribales au moment où le discours officiel prône le vivre-ensemble. Pour le Professeur titulaire de science politique, opposer « le vivre-ensemble » et «la protection des droits des peuples autochtones » est tout simplement vicieux.
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« Pire, de poser comme antithétiques et contradictoires « le vivre-ensemble » et « la sauvegarde des droits des autochtones ». Tout cela contribue à alimenter une lecture spécieuse, voire une vision manichéiste de la réalité sociale qui ne contribue pas à rendre possible une compréhension plus féconde de la chose. En effet, on ne peut quereller ou polémiquer (sur) une telle approche consociationnelle que si on a un projet politique aux relents hégémoniques. On est soit autochtone, soit allogène quelque part. La volonté politique de protection des droits des peuples autochtones n’est en rien incompatible avec « le vivre-ensemble ». Soutenir une telle incompatibilité est l’expression d’une ignorance crasse du droit comparé, ce d’autant plus que le Cameroun n’en a pas l’exclusivité », explique-t-il.
LilIane N.